samedi 18 mars 2023

François Pompon, La poule d'eau, au Musée des Beaux-arts de Nancy


  François Pompon (Saulieu, 1855 - Paris, 1933), Poule d'eau
1911, bronze
Musée des Beaux-Arts - Nancy
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Un des plus jolis habitants de ces retraites [les marécages et les eaux], mais dont les pèlerinages [migrations] sont moins lointains [que les oiseaux migrateurs], c'est la poule d'eau. Elle se montre au bord des joncs, s'enfonce dans leur labyrinthe, reparaît et disparaît encore en poussant un petit cri sauvage : elle se promène dans les fossés du château [souvenir d'enfance ?] ; elle aime à se percher sur les armoiries sculptées dans les murs. Quand elle s'y tient immobile, on la prendrait, avec son plumage noir et le cachet blanc de sa tête, pour un oiseau en blason tombé de l'écu d'un ancien chevalier. Aux approches du printemps, elle se retire à des sources écartées. Une racine de saule minée par les eaux lui offre un asile ; elle s'y dérobe à tous les yeux. Le convolvulus, les mousses, les capillaires d'eau, suspendent devant son nid des tapis de verdure ; le cresson et la lentille lui fournissent une nourriture délicate ; l'eau murmure doucement à son oreille ; de beaux insectes occupent ses regards, et les naïades du ruisseau, pour mieux cacher cette jeune mère, plantent autour d'elle leurs quenouilles de roseaux, chargées d'une laine empourprée.
Chateaubriand dans le Génie du christianisme

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