"La seule chose qui nous fit un peu plaisir, vers la fin de ce terrible mois de janvier [1871], ce fut d'apprendre que les francs-tireurs [partisans vosgiens du corps franc Avant-Garde de la Délivrance, commandés par le commandant Bernard] avaient fait sauter le pont de Fontenoy [le 22 janvier 1871], sur le chemin de fer entre Nancy et Toul. Mais notre joie ne dura pas longtemps : trois ou quatre jours après, des affiches posées à la porte de la mairie nous annonçaient que les Allemands avaient brûlé le village de Fontenoy de fond en comble, pour punir les habitants de n'avoir pas dénoncé les francs-tireurs ; et que nous tous Lorrains, nous étions condamnés, en raison de ce crime, à payer une contribution extraordinaire de dix millions à Sa Majesté l'empereur d'Allemagne !
En même temps, comme les ouvriers français refusaient de travailler pour rétablir le pont, le préfet prussien de la Meurthe écrivait au maire de Nancy : "Si demain, mardi 24 janvier, à midi, cinq cents ouvriers des chantiers de la ville ne se trouvent pas à la gare, les surveillants d'abord et un certain nombre d'ouvriers ensuite seront saisis et fusillés sur place."
Erckmann-Chatrian, Histoire du plébiscite. Contes et romans nationaux et populaires, tome 11, Pauvert éditeur, 1989, p. 252.
Sur la destruction du pont de Fontenoy :
- Ass. Borel, Le Crime de Fontenoy, Bourg, 1871. Toutes les victimes sont citées et l'histoire du calice de l'église est évoquée. L'avertissement du 23 janvier de Von Bethmann-Holweg, préfet allemand de la Meuse, est reproduit : "Dans la nuit du 21 au 22 courant, des personnes malintentionnées ont fait sauter le pont du chemin de fer sur la Moselle entre Toul et Frouard, sur le territoire de la commune de Fontenoy. Ce village, responsable de l'attentat, a été incendié par voie de représailles. Il sera procédé de même contre toute commune sur le territoire de laquelle il se commettrait des dégâts ou destructions de la voie ferrée."
- François Roth, La Guerre de 70, Collection Pluriel, Hachette, 1993, p. 364. Roth mentionne dans sa bibliographie : Rambaux (E., lieutenant), La Guerre de partisans en Lorraine, 1870-1873, le pont de Fontenoy, Nancy, 1873.
- Michel Ney, "Destruction du pont de Fontenoy, 22 janvier 1871", dans Études touloises, 2008, n° 128, p. 27-31.
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