La flamme bleue du gaz, qui brûle en permanence sur la cuisinière, agace Edouard. Il veut l'éteindre, mais elle [la mère d'Edouard Limonov] proteste : ça tient chaud, et puis c'est une présence, c'est comme d'avoir quelqu'un avec soi dans la pièce. "Si je faisais comme toi, à Paris, ça me coûterait des milliers de francs", observe-t-il, et du peu qu'il a raconté sur sa vie à l'étranger c'est ce détail qui, de loin, la frappe le plus : "Tu veux dire que là-bas l'État est tellement près de ses sous qu'il vous fait payer le gaz ? " Elle n'en revient pas mais, songeuse : "Remarque, il paraît que Gorbatchev et ses petits fayots veulent faire pareil chez nous..."
Emmanuel Carrère, Limonov, Folio Gallimard, 2013, p. 284-285.
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