La salière d'or commandée par le roi François 1er
(photo Kunsthistorisches Museum Wien)
"Le roi étant de retour à Paris, j'allai le trouver et la [salière] lui apportai. Je l'ai déjà dit en décrivant le modèle, la pièce était de forme ovale, deux tiers de brasse environ (39 cm environ), tout en or travaillé au ciseau.
L'Océan et la Terre étaient assis , les jambes entrelacées par allusion aux golfes qui pénètrent dans les terres et aux caps qui s'avancent dans la mer ; cela donnait une attitude très gracieuse. dans la main droite de l'Océan j'avais mis un trident et dans la gauche une nef d'un travail exquis pour le sel. Au-dessous il y avait quatre chevaux marins qui n'avaient du cheval que la tête, le poitrail et les pattes antérieures, le reste en queues de poissons joliment entremêlés. Au-dessus, dominateur, était assis l'Océan, entouré d'une foule de poissons et d'animaux marins. Des vagues figuraient les flots, remarquablement émaillées à la couleur de l'eau.
J'avais donné à la Terre l'apparence d'une femme superbe, entièrement nue comme l'Océan, tenant une corne d'abondance. Dans sa main gauche, un petit temple ionique, délicatement travaillé, avait été mis pour recevoir le poivre. Sous la déesse se trouvaient les plus beaux animaux de la terre ; une partie des rochers était émaillée, l'autre laissée en or. J'avais placé ce groupe sur un socle d'ébène noir, de dimension appropriée,, avec une gorge que je recouvris d'or et quatre figures d'or un plus saillantes qu'en demi-relief : la Nuit, le Jour, le Crépuscule et l'Aurore. On y voyait également quatre autres figures de même taille représentant les quatre vents dominants, ciselés et émaillés avec tout le soin imaginable.
Quand je mis cet ouvrage sous les yeux du roi, il poussa un cri d'étonnement et ne pouvait se rassasier de le contempler."
La Vie de Benvenuto Cellini fils de Maître Giovanni florentin écrite par lui-même à Florence. (1500-1571), traduction et notes de Nadine Blamoutier sous la direction d'André Chastel, Paris, Éditions Scala, 1986, p. 280.
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