" En Italie, nous avons bien des manières de représenter les feuillages. Les Lombards en font de superbes, avec du lierre et de la clématite en ravissantes volutes. Les Toscans et les Romains font un choix encore plus judicieux avec les feuilles d'acanthe, dites griffes d'ours, leurs vrilles et leurs fleurs enroulées de diverses manières ; parmi ces feuillages sont astucieusement de petits oiseaux et autres animaux, où l'on reconnaît l'artiste de goût. Il peut aussi s'inspirer de fleurs sauvages, comme les gueules de loup ou d'autres fleurs que l'on voit accompagnées d'ornements dus au talent inventif de ces artistes ; ceux qui n'y connaissent rien les appellent des grotesques. Elles sont ainsi désignées par les modernes pour avoir été découvertes à Rome dans l'exploration des cavernes qui servaient dans l'Antiquité de chambres, de thermes, de cabinets de travail, de salles, etc. Depuis cette époque, elles s'étaient enfoncées par suite de l'exhaussement progressif du sol et, à Rome, on les appelait des grottes. D'où le nom de grotesques pour leurs ornements. Cette appellation ne leur convient pas, car les artistes antiques s'amusaient à composer des monstres en combinant les formes de la chèvre, de la vache et de la jument ; ou encore, en mélangeant leurs feuillages, ils créaient des sortes de monstres ; c'est là leur vrai nom qui leur convient beaucoup mieux que celui de grotesques."
La Vie de Benvenuto Cellini fils de Maître Giovanni florentin écrite par lui-même à Florence. (1500-1571), traduction et notes de Nadine Blamoutier sous la direction d'André Chastel, Paris, Éditions Scala, 1986, p. 57.
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