jeudi 14 juin 2018

le duc de Guise écrasant Charles-Quint



François de Guise écrasant l'empereur Charles-Quint
(siège de Metz, octobre 1552 - janvier 1553)
statue du XVIIIe siècle
Parc Europa-Courcelles - Montigny-lès-Metz
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"L'avant-garde ennemie, commandée par le duc d'Albe, arriva devant Metz le 19 octobre 1552. L'empereur Charles-Quint rejoignit ses troupes le 20 novembre et prescrivit d'activer les travaux d'attaque de la ville. Entreprendre ainsi au début de l'hiver un siège qui promettait d'être long était d'une rare imprudence. Mais Charles-Quint comptait, pour réussir, sur la supériorité du nombre. Il est malaisé de préciser l'effectif de son armée ; certains le portent à 100.000 hommes, ce qui paraît exagéré ; il semble qu'on peut raisonnablement lui donner 60.000 hommes et une centaine de gros canons. 
La garnison de Metz était de 5.000 fantassins, 700 ou 800 cavaliers, plus de nombreux gentilshommes volontaires. Ce siège se poursuivit avec un acharnement incroyable et dans l'attaque et dans la défense. Les Impériaux tirèrent 14.000 coups de canon et on percevait le bruit jusqu'à Strasbourg. Ils firent des brèches, mais, quand un pan de muraille s'était écroulé sous les boulets, ils voyaient, un peu en arrière, un autre rempart élevé en hâte, et sur ce rempart le duc de Guise et ses soldats, tous la pique à la main et prêts à repousser l'assaut. La garnison faisait des sorties meurtrières ; les troupes françaises qui occupaient les places voisines couraient le pays et enlevaient les convois ennemis, de sorte qu'on manquait plus de vivres dans le camp des assiégeants que dans la ville assiégée. Enfin, le froid, qui paraît avoir été vif cette année, et le typhus décimaient les assaillants qui, croit-on, perdirent le tiers de leur effectif. Les survivants étaient découragés et d'autant plus mécontents que la solde était en retard. Quelque temps après son arrivée, l'empereur ordonna de tout disposer pour un assaut général. Son armée se rangea en bataille devant les murs, mais la garnison avait une si ferme contenance qu'il ne se trouva personne pour tenter l'escalade, malgré les exhortations de Charles-Quint qui, trop malade pour monter à cheval, se faisait porter dans les rangs. L'hiver se faisait toujours plus rude, lui-même était rongé par la goutte ; il se décida enfin, tout au début de janvier 1553, à lever le siège et se retira à Thionville. 
Quand les soldats français entrèrent dans son camp, ils ne virent partout que des morts et des mourants, des blessés abandonnés, sans soins et sans vivres dans la boue glacée. Le duc de Guise se montra généreux ; il fit enterrer les morts, soigner les blessés et malades et renvoya à Thionville tous  ceux qui se rétablirent. C'est ce que les contemporains appelèrent la courtoisie de Metz."
Emile Duvernoy, "Le seizième siècle. Les Trois Evêchés", dans Histoire de Lorraine, Nancy, Société des Etudes locales dans l'Enseignement public, 1939, p. 360-361.

Voir aussi : 
Charles Rahlenbeck, Metz et Thionville sous Charles-Quint, Bruxelles, 1880.

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