"Je ne dis pas que le bruit de la pluie tombant par la fenêtre dévidât en lui [M. de Guermantes] ce parfum ténu et glacé, la substance fragile et précieuse que Chopin étire jusqu'au bout dans son célèbre morceau La Pluie."
Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Folio Essais, 1987, p. 224.
Ce célèbre morceau, c'est l'un des préludes que Chopin a composés lors de son séjour à Majorque avec George Sand, durant l'hiver 1838-1839.
"C'est là [à Majorque] qu'il [Chopin] a composé les plus belles de ces courtes pages qu'il intitulait modestement des préludes. Ce sont des chefs-d'œuvre. Plusieurs présentent à la pensée des visions de moines trépassés et l'audition des chants funèbres qui l'assiégeaient ; d'autres sont mélancoliques et suaves ; ils lui venaient aux heures de soleil et de santé, au bruit du rire des enfants sous la fenêtre, au son lointain des guitares, au chant des oiseaux sous la feuillée humide, à la vue des petites roses pâles épanouies sur la neige.
D'autres encore sont d'une tristesse morne et, en vous charmant l'oreille, vous navrent le cœur. Il y en a un qui lui vint par une soirée de pluie lugubre et qui jette dans l'âme un abattement effroyable...
Son génie était plein de mystérieuses harmonies de la nature, traduites par des équivalences sublimes dans sa pensée musicale et non par une répétition servile des sons extérieurs. Sa composition de ce soir-là était pleine des gouttes de pluie qui résonnaient sur les tuiles sonores de la Chartreuse [Valldemosa], mais elles s'étaient traduites dans son imagination et dans son chant par des larmes tombant du ciel sur son cœur."
George Sand, Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques, tome II, Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 420 et 421.
Quel est le prélude de Chopin qui jette dans l'âme un abattement effroyable ? Est-ce le 6e en si mineur ou le 15e en ré bémol majeur ? Je viens de réécouter ces deux préludes interprétés par Samson François. Le 6e, lento assai, très court, ne durant que 1'53, est une douce plainte mélancolique ; le 5e, sostenuto, proche d'un nocturne, durant 4'29, est composé d'un long épisode central, qui jette dans l'âme un abattement effroyable.
Quel est le prélude de Chopin qui jette dans l'âme un abattement effroyable ? Est-ce le 6e en si mineur ou le 15e en ré bémol majeur ? Je viens de réécouter ces deux préludes interprétés par Samson François. Le 6e, lento assai, très court, ne durant que 1'53, est une douce plainte mélancolique ; le 5e, sostenuto, proche d'un nocturne, durant 4'29, est composé d'un long épisode central, qui jette dans l'âme un abattement effroyable.
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