mercredi 22 avril 2020

Pierre Loti et les chrysanthèmes du Japon

On pourrait croire que dans Madame Chrysanthème de Pierre Loti, on aurait le loisir de trouver quelques passages sur les chrysanthèmes.  Mais dans ce livre, pas un seul chrysanthème, car le récit se passe en été. Par contre, dans le recueil Japoneries d'automne, paru en 1889, les chrysanthèmes sont présents dans Un bal à Yeddo, et merveilleusement décrits dans L'impératrice Printemps. Il y a encore quelques courts passages sur les chrysanthèmes dans La troisième jeunesse de Madame Prune.

"Les salons sont au premier étage, et on y monte par un large escalier que borde une triple haie de chrysanthèmes japonais dont rien ne peut donner l'idée dans nos parterres d'automne : une haie blanche, une haie jaune, une haie rose. Dans la haie rose, qui couvre la muraille, les chrysanthèmes sont grands comme des arbres, et leurs fleurs sont larges comme des soleils. La haie jaune, placée en avant, est moins haute, et fleurie par grosses touffes, par gros bouquets d'une éclatante couleur bouton d'or. Et enfin, la haie blanche, la dernière, la plus basse, fait comme un parterre tout le long des marches, comme un cordon de belles houppes neigeuses."
Pierre Loti, "Un bal à Yeddo", dans Japoneries d'automne, Paris, Calmann-Lévy, 1926, p. 70-71.

"Ce sont des expositions de fleurs. Sous ces abris et sous ces tentures impériales [aux chrysanthèmes héraldiques], il y a des collections de chrysanthèmes qui sont naturels, mais qui n'en ont pas l'air ; des chrysanthèmes merveilleux, en l'honneur desquels Leurs Majestés nous ont conviés ; de très surprenants chrysanthèmes dont rien ne peut donner idée dans nos parterres d'automne. Avec une régularité géométrique, ils sont plantés en quinconces, sur des gradins en terre que recouvre une imperceptible mousse unie et comme passée au rouleau ; chaque pied n'a qu'une seule tige, et chaque tige n'a qu'une seule fleur. - Mais quelle fleur ! plus grande que nos plus grands tournesols, et toujours d'une nuance si belle, d'une forme si rare : l'une a des pétales larges et charnus, disposés de telle façon régulière qu'on dirait un gros artichaut rose ; sa voisine ressemble ressemble à un chou frisé, d'une couleur fauve de bronze ; une autre encore, du jaune le plus éblouissant, a des milliers de petits pétales minces qui s'élancent et retombent comme une gerbe de fils d'or ; il y en a qui sont d'un blanc ivoire, d'autres d'un mauve pâle, ou bien du plus magnifique amarante ; il y en a de panachées, de nuancées, de mi-parties... "
Pierre Loti, "L'impératrice Printemps", dans Japoneries d'automne, Paris, Calmann-Lévy, 1926, p. 267-268.

"C'étaient de tardifs chrysanthèmes, couleur de rouille, gracieusement entremêlés à des branchettes de cryptomeria, que madame Prune avait choisis pour sa fidèle offrande."
Pierre Loti, La troisième jeunesse de madame Prune, Calmann-Lévy, 1948, p. 61. 12 janvier.

"Les derniers chrysanthèmes, fripés par les gelées du matin, ont disparu de l'étalage de madame L'Ourse, ma fleuriste ordinaire, pour faire place à des camélias et à des branchettes de saule, ornées déjà de ces petites pendeloques jaunâtres qui sont des floraisons d'extrême renouveau."
Ibid, p. 71. 20 janvier.

"La boutique de madame L'Ourse éclate de loin, comme un énorme et frais bouquet sur fond sombre ; tout son étalage est de roses roses et de chrysanthèmes jaunes."
Ibid, p. 222. 15 octobre.

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