mercredi 6 mars 2019

pensées de Marcel Proust dans "Du côté de chez Swann"

"Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. Il les consulte d'instinct en s'éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu'il occupe , le temps qui s'est écoulé jusqu'à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre."
Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Le Livre de Poche classique, 1992, p. 47.

"Au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres."
DCCS, p. 62.

"Nous sommes très longs  à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de grand talent dans notre musée des idées générales."
DCCS, p. 144.

"Les mêmes émotions ne se produisent pas simultanément , dans un ordre préétabli, chez tous les hommes."
DCCS, p. 201.

"De tous les modes de production de l'amour, de tous les agents de dissémination du mal sacré, il est bien l'un des plus efficaces, ce grand soufle d'agitation qui parfois passe sur nous. Alors l'être avec qui nous nous plaisons à ce moment-là, le sort en est jeté, c'est lui que nous aimerons. Il n'est même pas besoin qu'il nous plût jusque-là plus ou même autant que d'autres. Ce qu'il fallait , c''est que notre goût pour lui devînt exclusif. Et cette condition-là est réalisée quand - à ce moment où il nous fait défaut - à la recherche des plaisirs que son agrément nous donnait, s'est brusquement substitué en nous un besoin anxieux, qui a pour objet cet être même, un besoin absurde, que les lois de ce monde rendent impossible à satisfaire et difficile à guérir - le besoin insensé et douloureux de le posséder."
DCCS, p. 278-279.

"Il y a des auteurs originaux dont la moindre hardiesse révolte parce qu'ils n'ont pas d'abord flatté les goûts du public et ne lui ont pas servi les lieux communs auxquels il est habitué."
DCCS, p. 314

"Que de bonheurs possibles dont on sacrifie la réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat."
DCCS, p. 322

"Savoir ne permet pas toujours d'empêcher, mais du moins les choses que nous savons, nous les tenons, sinon entre nos mains, du moins dans notre pensée où nous les disposons à notre gré, ce qui nous donne l'illusion d'une sorte de pouvoir sur elles."
DCCS, p. 363.

"Ce que nous croyons notre amour, notre jalousie, n'est pas une même passion continue, indivisible. Ils se composent d'une infinité d'amours successifs, de jalousies différentes et qui sont éphémères, mais par leur multitude ininterrompue donnent l'impression de la continuité, l'illusion de l'unité."
DCCS, p. 419.

"Les intérêts de notre vie sont si multiples qu'il n'est pas rare que dans une même circonstance les jalons d'un bonheur qui n'existe pas encore soient posés à côté de l'aggravation d'un chagrin dont nous souffrons."
DCCS, p. 428.

"À un simple point de vue réaliste, les pays que nous désirons tiennent à chaque moment beaucoup plus de place dans notre vie véritable, que le pays où nous nous trouvons effectivement."
DCCS, p. 438.

"Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train en chantant."
DCCS, p. 439.

"Quand disparaît une croyance, il lui survit - et de plus en plus vivace pour masquer le manque de la puissance que nous avons perdue de donner de la réalité à des choses nouvelles - un attachement fétichiste aux anciennes qu'elle avait animée, comme si c'était  en elles et non en nous que le divin résidait et si notre incrédulité actuelle avait une cause contingente, la mort des Dieux."
DCCS, p. 474.

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