vendredi 6 décembre 2024

quelques citations tirées des Enfants Jéronime d'Ernst Wiechert


"Il [l'instituteur Stilling] ne se dissimulait pas qu'il ne connaissait, par sa propre expérience et par l'observation de la vie, qu'une fraction infime du monde et que tous les livres qui traitaient de l'ensemble étaient aussi l'œuvre d'autres hommes, sujets à l'erreur, à la partialité et à la passion. Il se disait que que ce qui gouverne le monde ce ne sont pas les livres, mais l'action, et que les actions avaient d'autres conséquences que celles que voudraient leur attribuer les livres."
 Ernst Wiechert, Les Enfants Jéronime, Le Livre de Poche Biblio, 2022, p. 99.

"J'ai toujours estimé que le paysan propriétaire de trente arpents, qui conduit convenablement son fumier au champ y apporte plus de justice que le prophète Isaïe. Il en a été toujours ainsi. La main vaut mieux que la bouche."
"Ils reconnaissent [les paysans de Sowirog] que la main a autant de valeur que l'esprit, et souvent plus, qu'un champ bien entretenu vaut mieux qu'une médiocre philosophie, et que l'homme est destiné à vaincre les démons qui ont entouré son berceau pendant des milliers d'années."
Ibid, p. 224 et 228.

"Je [Jumbo, l'ami de Jons Ehrenreich], sens un tas de choses, même des choses que les autres ne sentent pas. Mais je les sens autrement, indépendant, sans griserie. Je ne laisse jamais les autres penser et sentir pour moi."
Ibid, p. 426.

"Il [Jons Ehrenreich] savait que les livres peuvent être comme des murs qui empêchent de voir le monde."
Ibid, p. 629.

"Transformer tout en concepts, voilà le péché de l'esprit."
"Savez-vous ce qu'on acquiert le plus lentement ? Le doute. Non pas à l'encontre de l'ordre de l'univers, mais en face de l'apparence, du visible, du lisible."
Ibid, p. 763.

"Ce qu'il y a de plus dangereux sur terre, ce sont justement les idéologues, non pas les maladies, ni les épidémies, ni les catastrophes."
Ibid, p. 922.

"De Jons, on ne pouvait sans doute pas dire que l'ère nouvelle [le nazisme] l'eût jeté hors de sa calme orbite, mais elle avait simplement ébranlé la sécurité de son existence. Il voyait chanceler les étoiles qu'il avait suivies au ciel. Des lois immuables étaient changées par la main des hommes, et il voyait traîner dans la poussière bien des choses qu'il avait placées sur un trône éternel. Il reconnaissait que c'était des crimes, mais il reconnaissait aussi qu'ils pouvaient être perpétrés  sans que l'individu, le peuple, le monde, l'empêchât ou eût pu l'empêcher. Il reconnaissait la puissance du Mal et qu'elle se servait du Verbe que la puissance du Bien."
Ibid, p. 964.

"Je [le seigneur von Balk] ne connais plus d'autre patrie que celle qu'en secret je porte en moi, bien qu'elle soit à l'index. Tu n'as pas encore remarqué qu'il est défendu de parler de la patrie ? ".
Ibid, p. 978-979.

"La parole de l'apôtre Paul au sujet de l'autorité de l'État était une parole dangereuse, et Luther a encore aggravé les choses."
Ibid, p. 1002-1003.

"Le droit qui naît de la force est un fichu droit, mais la force qui naît du droit est une force justifiée."
Ibid, p. 1013.

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