"Une pierre de belle dimension, mise à nue par la pluie, se trouvait en lieu élevé, planté de fleurs multicolores, en bordure d'un bosquet surplombant un chemin rocailleux. À force de regarder les cailloux de la route, le désir lui vint de se laisser choir parmi eux. Que fais-je ici, au milieu des végétaux ? se disait-elle. Je devrais être là-bas, avec les miens. Elle roula donc en bas de la pente et rejoignit les autres pierres. Mais les roues de charrettes, les sabots des chevaux et les pieds des voyageurs la réduisirent au bout de quelque temps à un état de continuelle détresse. C'était à qui roulerait sur elle, la piétinerait. Parfois, quand elle était souillée de boue ou des excréments des bêtes, il lui arrivait de se redresser un pet et de regarder - en vain - le lieu qu'elle avait quitté - ce lieu de solitude et de bonheur paisible. Ainsi arrive-t-il à qui veut abandonner la vie solitaire et contemplative pour venir habiter la ville, parmi des gens d'infinie malignité."
Une citation de Léonard de Vinci dans :
Serge Bramly, Léonard de Vinci, Paris, Jean-Claude Lattès, 1988, p. 163-164.
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