mercredi 27 novembre 2024

Pallas et le Centaure de Botticelli interprété par Ivan Cloulas


 Sandro Botticelli, Pallas et le Centaure
 détrempe sur bois - 207 x 148 cm - Galerie des Offices

"On sait que Laurent le Magnifique devint en 1476, à la mort de leur père Pierfrancesco, tuteur de ses petits-cousins, Lorenzo, né en 1463, et Giovanni, né en 1467. La participation financière  de ceux-ci à la firme des Médicis était considérable : on partagea le capital par moitié. Les jeunes Médicis eurent dans leur part la villa de Trebbio dans le Mugello. Entre 1476 et 1478 ils achetèrent une seconde villa, Castello, plus proche de Florence, où ils résidaient habituellement dans leur palais urbain situé sur la Via Larga, près du grand palais Médicis. Ils furent contraints d'avancer au Magnifique en 1478 la somme considérable de 53 643 florins et qu'ils obtinrent  en remboursement la villa de Cafaggiolo et divers autres propriétés en Toscane. Mais Laurent ne se borna pas à cette importante compensation. En 1482 il arrangea pour Lorenzo un très riche mariage avec Semiramide, la fille de Jacopo Appiani, seigneur de Piombino. Le Printemps et Pallas et le Centaure auraient été réalisés à l'occasion du mariage avec Semiramide en 1482 pour décorer, face à face, la même pièce du palais urbain de Lorenzo, sans doute l'antichambre nuptiale. 
L'interprétation du tableau Pallas et le Centaure a donné lieu à beaucoup d'hypothèses. La plus fréquemment répandue a été pendant longtemps celle une allégorie magnifiant la victoire de Laurent sur les Pazzi. Elle est aujourd'hui totalement rejetée. Saisissant par les cheveux le centaure, symbole des appétits et besoins animaux, la déesse de la sagesse, dont la robe est semée d'anneaux précieux, l'un des emblèmes des Médicis, montre que la chasteté et les passions nobles doivent triompher de la débauche. Une allégorie semblable figurait sur l'étendard peint par Botticelli en 1475 pour la joute de Julien de Médicis. Cette composition, si on l'interprète ainsi, avait donc sa place dans l'antichambre de l'appartement nuptial du jeune Lorenzo."
Ivan Cloulas, Laurent le Magnifique, Paris, Fayard, 1982, p. 290-292.

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