Je suis athée, ce n'est pas faute d'aimer les fables. J'aimerais bien croire à ce cinémascope baroque inventé par des prophètes qui s'inspiraient des Grecs à l'ombre des arbres de Judée. Je ne crois en rien d'autre qu'en la beauté biologique des formes du vivant et en la beauté physique des formes de l'inerte. Pourtant, je me sais et me sens chrétien. Athée et chrétien, contradiction banale, moderne, peut-être. Athée d'esprit, chrétien de style. Cela me donne des devoirs et aucune consolation, aucune aide spirituelle, aucun secours, mais l'obligation de me souvenir qu'un Nazaréen un jour a déclaré qu'un geste d'amour était plus valable qu'un rituel sacrificiel dogmatiquement légal, que le bon était supérieur au licite, la prière silencieuse au haut-parleur. Mon équation est la suivante : j'admire le Christ, je suis dans la chrétienté, et le christianisme m'ennuie assez vite (surtout s'il est lui-même débarrassé du faste et de l'encens).
Sylvain Tesson dans Le Point du jeudi 12 novembre 2020.
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