Comme les mercenaires grecs de Xénophon, nous [les Français] voulons pouvoir dire bientôt : la mer ! la mer ! (la mer toujours recommencée), et en épicurien jouir de la mer.
Rien ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Rien ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
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Épicure
Oui, je suis fier de sentir le caractère d’Épicure autrement que n'importe qui peut-être, et à tout ce qu'il m'est donné d'entendre ou de lire de lui, de jouir du bonheur vespéral de l'antiquité : - je vois ses yeux contempler une mer vaste et argentine, par-delà les falaises du rivage sur lesquelles repose le soleil, tandis que de grands et de petits animaux s'ébattent dans sa lumière, aussi sûrs et calmes que cette lumière et ce regard. Pareil bonheur, seul quelqu'un qui souffre sans cesse a pu l'inventer, le bonheur d'un œil au regard de qui la mer de l'existence s'est apaisée, et qui n'arrive à se repaître assez de sa surface et de cet épiderme océanien bigarré, délicat et frissonnant : il n'y eût jamais auparavant pareille modestie de la volupté.
Friedrich Nietzsche, Le gai savoir, (traduction de Pierre Klossowski), Paris, C.F.L., 1957, livre premier, n° 45, p. 77.
Pour "Rien ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer", voir :
- Baudelaire, Chant d'automne, Les Fleurs du mal, vers 20.
- Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Le Livre de Poche Classique, 1992, p. 299.
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