Crescent, peintre de l'école de Fontainebleau
(Jean-François Millet, Théodore Rousseau et Charles Jacque, modèles pour le peintre Crescent)
Sa peinture faisait respirer le bois, l'herbe mouillée, la terre des champs crevassés à grosses mottes, la chaleur et, comme dit le paysan, le touffo d'une belle journée, la fraîcheur d'une rivière, l'ombre d'un chemin creux ; elle avait des parfums, des fragrances, des haleines. De l'été, de l'automne, du matin, du midi, du soir, Crescent donnait le sentiment, presque l'émotion, en peintre admirable de la sensation. Ce qu'il cherchait, ce qu'il rendait avant tout, c'était l'impression, vive et profonde du lieu, du moment, de la saison, de l'heure. D'un paysage il exprimait la vie latente, l'effet pénétrant, la gaieté, le recueillement, le mystère, l'allégresse ou le soupir. Et de ses souvenirs, de ses études, il semblait emporter dans ses toiles l'espèce d'âme variable, circulant autour de la sèche immobilité du motif, animant l'arbre et le terrain, - l'atmosphère."
Edmond et Jules de Goncourt, Manette Salomon, Folio Classique Gallimard, 1996, p. 361.
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