vendredi 22 février 2019

une erreur de Marcel Proust à propos de Paul-Louis Courier

"J'écoutais sa conversation [celle de Mme de Guermantes] comme une chanson populaire délicieusement française, je comprenais que je l'eusse entendue se moquer de Maeterlinck (qu'elle admirait d'ailleurs maintenant par faiblesse d'esprit de femme, sensible à ces modes littéraires dont les rayons viennent tardivement), comme je comprenais que Mérimée se moquât de Baudelaire, Stendhal de Balzac, Paul-Louis Courier de Victor Hugo, Meilhac de Mallarmé."
Marcel Proust, La Prisonnière, Le Livre de Poche classique, 2008, p. 75.

Paul-Louis Courier (1772-1825) ne s'est pas moqué de Victor Hugo, mais de Lamartine (1790-1869) :
"Monsieur de Lamartine, dont vous louez les ouvrages, me semble avoir pris dans nos lois une bonne partie de son style, ou bien nos lois ont été faites en style de M. de Lamartine, celles au moins qui ne sont pas vieilles. Outrager la morale publique, est une phrase tout à fait  dans le goût des Méditations, et hors de ce commun langage que le monde parle et entend ; elle s'applique à bien  des choses."
Paul-louis Courier, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1951, p. 204-205.

Les Méditations parurent le 13 mars 1820, eurent un grand écho et beaucoup de lecteurs. Paul-Louis Courier, l'ancien officier d'artillerie, le propriétaire terrien de Touraine, l'helléniste, l'esprit libre, le pamphlétaire au style caustique, alerte et pittoresque, a pu déplorer dans le recueil de Lamartine une rhétorique traditionnelle, une poésie trop lisse avec des périphrases nobles et des langueurs élégiaques.

Voir aussi :
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome VI, Paris, Garnier Frères,18.., p. 330 :
"... il [Paul-Louis Courier] n'a jamais prisé les plus remarquables des littérateurs et des poètes de ce siècle, ni Chateaubriand, ni Lamartine, qu'il raille tous deux volontiers à la rencontre..."

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