samedi 15 septembre 2018

l'église Notre-Dame de Rozières-sur-Mouzon, Vosges









Église Notre-Dame de Rozières-sur-Mouzon, Vosges
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Bien que considérablement remaniée à une époque postérieure, la petite église de Rozières-sur-Mouzon remonte, dans ses parties essentielles, à l'époque romane. C'était une belle construction en grès, soigneusement appareillée.
Elle comprenait une nef sans bas-côtés, une travée de choeur sous le clocher et une abside. 
Au XIVe siècle ou au commencement du XVe, elle a été l'objet d'un travail très important, qui a consisté principalement :
1° Dans la refaçon de la porte qui s'ouvre au milieu de la façade occidentale.
2° Dans la construction de voûtes sur croisée d'ogives sur la nef.
3° Dans le percement de fenêtres gothiques dans les murs latéraux de la nef.
4° Dans la reconstruction presque complète de l'abside en style gothique rayonnant. Bien que ne conservant plus rien de roman, cette abside est encore ornée à l'extérieur d'une corniche à modillons dits bourguignons, en forme de crosses tronquées.
Antérieurement à ces travaux, la nef était une simple salle non voûtée, éclairée par des fenêtres placées fort haut, presque sous la corniche extérieure, le long des murs latéraux, et que l'ouverture des fenêtres gothiques avait rendu inutiles, et qui avaient été bouchées. Mais elles sont encore parfaitement visibles à l'extérieur. Ce sont de véritables meurtrières, n'ayant pas plus de 12 cm d'ouverture, et largement ébrasées à l'intérieur et à l'extérieur. Leur cintre, qui est plein, est taillé dans une seule pierre et non extradossé.
La porte occidentale, refaite, a cependant conservé un très curieux tympan roman en demi-cercle, sans doute celui de la porte primitive : peut-être même plus ancien. Il est à double face, c'est-à-dire qu'il est sculpté extérieurement et intérieurement (peut-être y en a-t-il deux placés dos à dos, mais il est assez difficile de s'en rendre compte). Les deux faces sont couvertes d'ornements géométriques traités en méplat de très faible saillie, et disposés à peu près sans symétrie.
Au milieu de la face extérieure est une croix fichée, ornée de cinq groupes de cercles concentriques, aux extrémités des croisillons et à la rencontre de ceux-ci. Au-dessus de chacun des deux croisillons, il y a un sautoir. Au-dessous, on voit d'un côté des cercles concentriques, de l'autre, un ensemble d'étoiles à quatre rais inscrites dans de petits carrés, formant quadrillage.
Une petite fenêtre romane s'ouvre au-dessus de la porte, dans le pignon de la façade occidentale, qui n'a pas d'autre décoration.
Sur les faces latérales de la nef, à l'extérieur, il ne reste de la corniche de forme dite bourguignonne prise dans un quart de rond, qu'une partie des modillons qui la soutenaient.
Lors de la construction des voûtes de la nef, au XIVe , ou au XVe siècle, on a établi le long de ces murs latéraux des contreforts d'une saillie énorme et fort disgracieuse.
Le clocher, qui s'élève sur la travée de choeur, est à peu près carré. les murs extérieurs. Les murs extérieurs de celle-ci, faisant saillie à l'extérieur, sont couronnés d'un cordon à trois rangs de petites billettes grossièrement taillées. Un toit en bâtière couvre aujourd'hui ce clocher, qui est extrêmement bas : le sommet de ses faces latérales ne dépasse guère la hauteur du faîte de la toiture de la nef. il est marqué par un cordon sculpté à billettes, semblable à celui qui surmonte les murs latéraux de la travée de choeur qui est au-dessous. Il n'y a pour toutes ouvertures remontant à l'époque romane, qu'une étroite meurtrière n'ayant pas plus de 12 cm d'ouverture, au milieu de chacune des faces méridionale et septentrionale.
Ce clocher devait avoir au moins un étage de beffroi garni d'ouïes romanes, mais qui, à une époque que nous ignorons, aura été détruit.
Malgré certains archaïsmes, tels que sa voûte en berceau de la travée de choeur et le style barbare de son tympan, qui d'ailleurs pourrait provenir d'un édifice plus ancien, la perfection de la construction et de la taille des pierres, et la particularité telle que le tore profilé dans la grande arcade séparant le choeur de la nef, ne permettent guère de placer la construction de cette église, avant la seconde moitié du XIIe siècle, même avancée.
D'après Georges Durand, Églises romanes des Vosges, Paris, Champion, 1913, p. 308-311.

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