"À compter du jour fatal où l'on s'est avisé de mettre des lettres à la suite d'une lettre pour en faire un mot, des mots à la suite d'un mot pour en faire une phrase, des phrases à la suite d'une phrase pour en faire une page, des pages à la suite d'une page pour en faire un livre, un million d'auteurs ont vécu ; il y en a cent qui vivront.
Pauvres jeunes gens, qui ne savent pas qu'un état vulgaire, qu'un petit métier, qu'une industrie grossière, mais honnête, sont mille fois plus conformes à la destination naturelle de l'homme, et valent mille fois mieux par son bonheur, que ce bruit passager de la libraire et des journaux, qui va se perdre sans échos et sans souvenirs dans tous les bruits de la multitude !
L'honneur d'avoir fait partie de cette vaste légion d'oisifs, plus ou moins ingénieux, plus ou moins superficiels, c'est ce que les jeunes gens de province prennent pour de la réputation ou de la gloire."
Charles Nodier, le dériseur sensé
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