Est-il
vraiment nécessaire d’analyser un tel verbiage qui regroupe tout ce qu’une
certaine intelligentsia pseudo progressiste nous sert à
longueur de temps ? Rien ne nous est épargné. Ni les mots « inclusifs »
et « participatifs » - ou même quelques nouveaux mots qu’on
voit déjà promis à un brillant avenir, comme des lieux « polyphoniques »
- ni les bons sentiments : « dignité humaine », « justice
sociale », « égalité mondiale », et même « bien-être
planétaire » ! On croirait presque un discours de Miss France, et
on s’étonne que les musées ne soient pas dédiés aussi à la paix dans le monde…
Il n’y a plus d’acquisitions, il y a une « collecte », qui n’a
pas le même sens. On collecte des spécimens (le terme est d’ailleurs employés
dans la nouvelle définition) alors qu’on collectionne des œuvres. Ce dernier
terme, dont « patrimoine matériel » consistait un assez bon
équivalent dans l’ancienne définition n’est évidemment pas utilisé. Il n’y a plus,
avec des « spécimens », que des « artefacts ».
Il est extraordinaire d’apprendre que les musées sont dédiés au « dialogue
critique sur les passés et les futurs ». Il va donc falloir, si l’on
comprend bien, faire « dialoguer » - là encore un terme que nos
nouveaux penseurs adorent, on fait « dialoguer » tout avec
tout - les artefacts et les spécimens du passé avec ceux de l’avenir, ce qui va
impliquer une nouvelle discipline pour le concours des conservateurs : la
voyance. Les musées sont « participatifs », on l’a déjà vu
mais ils doivent aussi être « transparents » sans que ce terme
peu précis soit jamais défini. On s’interroge aussi sur « participatif ».
Les visiteurs seront-ils amenés à compléter les tableaux ? Qui sont ces « diverses
communautés » avec qui les musées doivent « travailler en
collaboration active » ? On aurait aimé plus de précision.
Didier Rykner, La Tribune de l'Art, 2 août 2019
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