"Un jour, j'ai lu une histoire - non, je l'ai vue au théâtre - où un bon garçon, un soldat, était aux prises avec une ravissante bohémienne : elle était à ravir, avec sa fleur derrière l'oreille, une femme fatale et sauvage, et lui, sous le charme, était complètement désaxé : il lui sacrifiait tout, désertait, la suivait chez les contrebandiers, et se déshonorait à tous égards. Quand il en était arrivé là, elle se lassait de lui et rejoignait un matador, une personnalité marquante avec une superbe voix de baryton. Le petit soldat, blanc comme un linge et tout débraillé, finissait par la tuer d'un coup de poignard devant le cirque - il faut dire qu'elle l'y avait poussé."
Thomas Mann, La Montagne magique, (Der Zauberberg, 1924), traduction nouvelle de Claire de Oliveira, Le Livre de Poche Biblio, 2019, p. 940-941.
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