dimanche 28 mai 2017

l'église romane Saint-Remi d'Olley


plan sommaire d'après le cadastre - S = sacristie à l'est de l'absidiole sud


la travée du chœur précédant l'abside a une voûte en berceau et non en arêtes



tour-clocher reconstruite vers 1846 sur le modèle de l'ancienne démolie



travées 2 à 4 de la nef


troisième travée de la nef


la nef vue du bas-côté gauche vers le chœur 



transept et chevet vus du nord-est


l'abside avec ses arcatures lombardes, cordons d'arceaux portés par des lésennes



oculus à deux mouchettes de l'armoire eucharistique


canonnière à redents du mur ouest du croisillon nord


canonnière à redents du mur ouest du croisillon sud
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L'église d'Olley est la seule église romane lorraine qui soit couverte de grandes voûtes d'arêtes. Une charte de Thierry, évêque de Verdun (1046-1089), non datée, mais que l'on place habituellement entre 1050 et 1073, autorisa Walon, abbé de Saint-Arnould de Metz (v. 1050-v.1099), à établir une communauté de moines dans la paroisse d'Olley, qui dépendait alors de son diocèse, et en même temps, à construire une autre église pour les paroissiens.
On considère généralement l'église actuelle d'Olley comme étant celle qui fut ainsi construite. Cela ne peut être exact qu'en partie.
Telle qu'elle se présente à nous, cette église se compose d'une nef avec bas-côtés, comprenant cinq travées, d'un transept aux croisillons très proéminents, le tout entièrement voûté d'arêtes, et d'une abside assez profonde, dont le cul-de-four est précédé d'une voûte en berceau ; cette abside est accompagnée de deux absidioles qui ne sont pas dans l'axe des bas-côtés, mais au milieu du mur oriental de chacun des croisillons du transept. 
A l'origine, la nef n'avait que quatre travées. En 1844, le clocher qui s'élevait sur la première, au couchant, menaçait ruine. Il fut décidé de le reconstruire, non sur l'emplacement de l'ancien, mais un peu en avant, avec l'intention de rebâtir entièrement l'église, ou tout au moins la nef, sur de nouveaux plans. Le projet avait déjà reçu un commencement d'exécution, l'ancien clocher était démoli et le nouveau reporté un peu plus en avant, s'élevait à environ cinq mètres du sol, lorsque, sur l'intervention de la commission archéologique de la Moselle et de l'Académie de Metz, le préfet de la Moselle ordonna de suspendre les travaux. La commune résista. Sur ces entrefaites, une grande partie de la vieille nef, mal étayée, s'écroula. Après une lutte assez vive, le préfet et les sociétés savantes finirent par imposer la reconstruction de la nef et du clocher dans leur état primitif - ou approchant - avec cette seule différence que le clocher serait élevé sur le nouvel emplacement, qui formerait une cinquième travée à l'ouest de la nef. Les travaux furent terminés en 1848.
Il faut donc se méfier beaucoup de la nef, qui est presque entièrement moderne, d'autant qu'avant ces derniers travaux, les anciens collatéraux avaient été surélevés pour recevoir une seule et mêle toiture avec la grande nef, et que, dans la nouvelle construction, on a donné aux uns et aux autres une toiture distincte. Un relevé de l'ancienne façade et de l'ancien clocher annexé au dossier de cette affaire aux archives de Meurthe-et-Moselle, montre au surplus que la façade et le clocher actuels, déplacés et reconstruits de toutes pièces, comme on l'a vu, ne reproduisent pas scrupuleusement l'état ancien.
On peut toutefois supposer que, dans ses dispositions essentielles, la nef actuelle est à peu près conforme à son état primitif, et que même certaines de ses parties ont pu être conservées.
Les grandes arcades, en plein cintre et à arêtes vives, percées à cru dans des murs fort épais, retombent sur des piliers carrés, très élevés, aux impostes moulurées.
La nef, qui est très étroite (3 m 30) et très surélevée, a ses travées carrées, ou à peu près ; celles des bas-côtés, qui ne sont guère moins larges (2 m 70), sont par conséquent légèrement barlongues dans le sens longitudinal, ce qui ne gênait pas beaucoup pour y établir des voûtes d'arêtes, celles-ci étant construites à la mode du pays, en moellonnage enduit. Chaque voûte est séparée de la suivante par un arc doubleau très large et très plat ; aux bas-côtés, ces arcs doubleaux retombent d'une part sur le pilier carré qui porte les grandes arcades, de l'autre, contre le mur extérieur, sur un piédroit ou bandeau également large et plat, à imposte moulurée. La retombée des arcs doubleaux de la nef se fait sur des piédroits semblables, qui descendent le long des murs goutterots, jusque sur l'imposte des piliers, et qui ont pour imposte le cordon mouluré qui règne tout le long de l'église sous la lunette des voûtes. Une petite fenêtre romane est percée dans chacune de ses lunettes, tout en haut, au point que sa partie supérieure est mordue par l'intrados de la voûte.
Chacun des croisillons du transept a deux travées voûtées, et l'arc doubleau séparatif de celles-ci se trouve juste dans l'axe des absidioles. Il n'a donc pas pu avoir de support partant de fond, et il s'arrête fort gauchement sur le cordon mouluré qui fait le tour de l'église, sous la lunette des voûtes.
Enfin, chose extrêmement étrange, l'abside principale, dont le cul-de-four est engendré par l'arc doubleau oriental du transept, atteint une hauteur disproportionnée avec sa largeur et absolument insolite.
Vue à l'intérieur - sans même parler de la nef qui est presque entièrement moderne - cette architecture respire un air de santé, de vigueur, présente une perfection, dans son extrême simplicité, dont on ne peut ne pas être frappé ; les arcs sont bandés, les voûtes sont jetées avec une très grande précision ; les moulures franches et nettes, sont profilées avec un art consommé.
Si l'on passe à l'extérieur du transept et des absides, l'impression est tout autre : la pauvreté de leur construction est loin de répondre à la perfection que nous avons constatée à l'intérieur : cette partie de l'édifice porte en outre les marques de remaniements évidents.
On y distingue cependant parfaitement des vestiges d'une construction fort ancienne en grossier moellonnage crépi, avec des restes de cordons d'arceaux qui sont comme moulés tant bien que mal dans le moellonnage et qui se raccordent vaille que vaille à des bandes verticales en pierre grossièrement taillée.
Celui qui est sur le mur oriental du transept a dû à l'origine former le couronnement de celui-ci. Tout ce qui se trouve au-dessus est une surélévation postérieure. Or, sans parler de l'étage qui, comme dans beaucoup d'églises lorraines, a été élevé à une certaine époque au-dessus des voûtes du transept, dans un but probablement de défense, ce cordon d'arceaux se trouve beaucoup plus bas que les clefs des hautes voûtes actuelles. Celles-ci passent au-dessus de la fenêtre romane, percée dans le pignon du transept, au-dessus d'une autre fenêtre plus grande, à deux lobes. Il faut remarquer, au surplus, que, dans les pignons du transept, les petits contreforts d'angles s'arrêtent exactement au même endroit. Ce cordon d'arceaux date donc d'un temps où le transept n'était pas voûté. On peut faire la même observation pour l'abside principale, où le cordon d'arceaux qui devait se trouver primitivement à la hauteur de la clef du cul-de-four, immédiatement sous la toiture, est beaucoup plus bas que celle du cul-de-four actuel. Il est aisé de voir que ni les uns ni les autres ne sont plus à leur place respective.
De tout ce qui précède, il n'y a qu'une conclusion à tirer c'est que seuls les murs extérieurs du transept et de l'abside, jusqu'à la hauteur des cordons d'arceaux, et les absidioles appartiennent à l'église du XIe siècle. Celle-ci n'était pas voûtée, et ses proportions étaient normales. La nef avec ses voûtes et les voûtes du transept n'ont dû être construites que beaucoup plus tard - serait-ce à la suite d'un incendie ? - probablement vers le premier quart du XIIe siècle, avant que la croisée d'ogives ne soit connue, ou du moins répandue dans le pays. C'est alors qu'on a surélevé le transept et l'abside principale, pour mettre leurs voûtes à la hauteur de celles de la nef. Quant à la hauteur un peu excessive donnée aux bas-côtés, qui communique à toute l'église un élancement rare dans la région à l'époque romane, je ne puis lui découvrir d'autre raison que la hauteur qui a été donnée à la grande nef, afin de ne pas avoir un trop grand espace nu au-dessus des grandes arcades.
Cette église a une très grande importance, en premier lieu à cause du petit nombre d'édifices du XIe siècle subsistant en Lorraine, et en second lieu parce qu'elle présente le seul exemple d'une église de dimensions assez vastes, entièrement voûtée d'arêtes, quoique après coup, probablement avant l'introduction de la croisée d'ogives dans le pays.

- Georges Durand, Églises romanes des Vosges, Paris, 1913, p. 61-64.

Une remarque intéressante d'Hubert Collin :
Les grandes arcades de l'église d'Olley sont très comparables à celles de l'église de Cauroy-lès-Hermonville (Marne, arrondissement de Reims). Or cette dernière, comme celle d'Olley, remonte pour la nef au début du XIIe siècle. Par son plan, par son élévation intérieure et extérieure basilicale, l'église d'Olley est une église de la Champagne du nord.
- Hubert Collin, Les Églises romanes de Lorraine, tome III, Nancy, 1984, p. 156.


- Hubert Collin, Les églises rurales romanes du pays de Reims et des Ardennes, Charleville-Mézières, 1974, p. 77.

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