mardi 26 août 2014

Edmond de Goncourt et Utamaro


Utamaro, L'Heure du Singe
de la série Les douze heures des maisons vertes, c. 1794
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"De toutes ces séries, la plus joliment parlante aux yeux est la série intitulée Seirô jûnitoki, qui se traduit par les : DOUZE HEURES DES MAISONS VERTES. Oui, les douze heures du Japon répondant aux vingt-quatre heures de l'Europe, oui, l'heure de la Souris, qui est minuit ; l'heure du Bœuf, qui est deux heures ; l'heure du Tigre, qui est quatre heures ; l'heure du Lapin, qui est six heures ; l'heure du Dragon, qui est huit heures ; l'heure du Serpent, qui est dix heures ; l'heure du Cheval, qui est midi ; l'heure du Mouton, qui est deux heures ; l'heure du Singe, qui est quatre heures ; l'heure du Coq, qui est six heures ; l'heure du Chien, qui est huit heures ; l'heure du Sanglier, qui est dix heures ; - ces douze heures japonaises, Outamaro les a symbolisées en d'élégantes attitudes et de charmants groupements de femmes.
Et jamais Outamaro n'a eu une linéature plus délicate de la femme, en ses mouvements de grâce, que dans cette série, en même temps que le peintre des belles robes de l'Orient, n'a jamais montré en ces femmes, comme habillées des couleurs lumineuses de l'anémone, un goût d'habillement plus distingué, et n'a fait nulle part un choix plus original des soieries, aux douces et chatoyantes couleurs. Des roses, d'un rose si peu rose, qu'ils semblent s'apercevoir à travers un tulle, des mauves se dégradant si joliment en gorge de pigeon, des verts de la nuance vert d'eau, des bleus, bleutés seulement du rien d'un linge passé au bleu, et toute une série de gris indicibles, des gris qui semblent teintés de reflets lointains, tout à fait lointains, de couleurs voyantes."
Outamaro, le peintre des maisons vertes, 1891.
Edmond de Goncourt, Outamaro, Hokousaï. L'art japonais au XVIIIe siècle, U.G.E., collection 10/18, 1986, p. 40.