Armes d'Antoine de Ville (vers 1450 - 1523 ?) : d'or à la croix de gueules
"La terreur, déjà grande, atteint les dimensions d'une folle panique lorsque les Italiens apprennent la composition de la force de feu qui doit appuyer les deux armées [du roi Charles VIII]. Une invention toute récente, l'arquebuse, vient de supplanter l'arbalète. Elle arme le corps spécial des « poudriers » . On verra bientôt ces cavaliers à l'œuvre, jetant la frayeur aux cris de « Diavolo » ou « Diable » ! Leur fameux capitaine lorrain, Antoine de Ville, sieur de Domjulien, est un personnage de légende. Petit et gros, négligé mais exhibant sur ses habits des bijoux superbes dont la plupart sont faux, c'est un brave à tous crins sur les champs de bataille et, par ailleurs, un valeureux alpiniste : Rabelais dans Pantagruel évoque son ascension d'une cime vierge des Alpes, le mont Aiguille, réalisée le 26 juin 1492 sur l'ordre du roi - sans doute comme répétition des futures escalades de forteresses italiennes."
Ivan Cloulas, Charles VIII et le mirage italien, Paris, Albin Michel, 1986, p. 48.
Ivan Cloulas a fait une erreur, c'est dans Le Quart Livre de Rabelais, chapitre 57, que cela est évoqué et faussement.
"En icelluy jour, Pantagruel descendit en une isle admirable entre toutes aultres, tant à cause de l'assiete que du gouverneur d'icelle. Elle de tous coustez pour le commencement estoit scabreuse, pierreuse, montueuse, infertile, mal plaisante à l'œil, tresdifficile aux pieds et peu moins inacessible que le mons du Dauphiné, ainsi dict pource qu'il est en forme d'un potiron, et de toute memoire persone surmonter ne l'a peu, fors Doyac, conducteur de l'artillerie du Roy Charles huyctiesme, lequel avecques engins mirificques y monta, et au dessus trouva un vieil belier."
Adaptation au français moderne de Maurice Rat : "Ce jour-là, Pantagruel descendit dans une île admirable entre toutes les autres, tant à cause de sa situation que de son gouverneur. Elle était de tous côtés, pour le commencement, raboteuse, pierreuse, montueuse, infertile, déplaisante à l'œil, très difficile aux pieds, et pas beaucoup moins inaccessible que le mont de Dauphiné, ainsi nommé parce qu'il est en forme de potiron, et que, de toute mémoire, personne n'a pu le surmonter, hors Doyac, conducteur de l'artillerie du roi Charles VIII, qui y monta avec des engins merveilleux et qui trouva au-dessus un vieux bélier."
Œuvres complètes de François Rabelais, Texte établi, annoté et présenté par Jean Plattard, Paris, C.F.L., 1960, Le Quart Livre, chap. 57, p. 633.
La note de Jean Plattard, p. 1140 :
"Le Mont-Aiguille, appelé anciennement mons inascensibilis (2.097 m.), dans le massif du Vercors, entre Die et Grenoble, très escarpé, fut, le 26 juin 1492, escaladé pour la première fois sur l'ordre de Charles VIII, se rendant en Italie, par le capitaine de Montélimar, Antoine de Ville, seigneur de Dompjulien (sic). Procès-verbal de l'ascension fut dressé par huissier et consigné dans les registres de la Cour de Grenoble. On trouva au sommet du mont une garenne de chamois. Rabelais recueillit, sans doute, le souvenir de cette ascension lors de son séjour à Grenoble en 1534. Mais déjà la tradition avait substitué à Dompjulien l'ingénieur Jean Doyac, qui fit passer les Alpes à l'artillerie de Charles VIII."
Sur Antoine de Ville :
- Mémoires de sire Philippe de Commynes, dans Historiens et chroniqueurs du Moyen Âge, Bibliothèque de La Pléiade, 1952, p. 1361 et 1496. Antoine de Ville est resté dans le royaume de Naples, au Mont Saint-Ange, après le départ de Charles VIII pour la France.
- Henri Lepage, "Au sujet de la guerre entre René II et Charles-le-Téméraire", dans les Mémoires de la Société d'Archéologie lorraine, 1859, p. 337-339. L'auteur donne toute la liste des nobles ayant combattu avec René II pour obtenir la victoire sur le duc de Bourgogne. Antoine de Ville avait participé à la bataille de Nancy comme porte-guidon. En Italie il joignait à son titre de seigneur de Domjulien celui de duc de Saint-Ange au royaume de Naples.
- Ivan Cloulas, Charles VIII et le mirage italien, op. cit., p. 151. Les fidèles du roi Charles VIII, après sa conquête du royaume de Naples, reçoivent les dépouilles des vaincus. Antoine de Ville, seigneur de Domjulien, reçoit le duché de Monte Sant'Angelo au Monte Gargano, pèlerinage et étape des voyages en Orient.
- Wikipédia.