samedi 5 juillet 2025

la tête de mort du Musée de la Princerie de Verdun


Tête de mort
pierre de la Meuse, seconde moitié du XVIe siècle (?), h. 0,17 ; l. 0,15 ; p. 0,23 
Musée de la Princerie - Verdun
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"Le remarquable Musée que la ville de Verdun doit au zèle infatigable et à la vaste érudition de M. Liénard, possède, parmi les trésors les plus précieux, une tête de mort, taillée dans une pierre qui a des affinités incontestable avec celle du Sépulcre de Ligier Richier. C'est un petit chef-d'œuvre. Au point de vue anatomique, l'exactitude est si frappante que l'on se demande, de prime abord, pour quelle raison ce crâne n'est pas à son numéro d'ordre dans la collection des têtes exposées derrière les vitrines. La conformation de la boîte, les sinuosités osseuses, les sutures des diverses parties, les cavités avec leurs détails internes, les attaches musculaires, les os maxillaires et les quelques dents qui, y adhèrent encore, les alvéoles usées et les autres traces de la corrosion du temps, tout est vrai et naturel, jusqu'à produire la plus complète illusion.
Cette tête porte avec elle deux inscriptions. L'une, faite au ciseau à l'occiput, l'attribue à Michel-Ange, qui l'aurait sculptée à l'âge de vingt-huit ans : MICHEL ANGELO BONAROTA SCULPT. ROMAE ANNO 1497. Les critiques s'accordent à reconnaître que cette inscription révèle dans celui qui l'a faite, l'ignorance, non  seulement du véritable nom de Michel-Ange, mais encore des chiffres et des caractères alphabétiques que l'on employait à la fin du XVe siècle.
L'autre, numéro d'ordre de ce crâne dans le Musée, auquel il fut légué par M. Barrois, curé de la cathédrale de Verdun, l'attribue à Ligier Richier. Qu'il soit de l'élève ou du maître, c'est un morceau hors ligne, digne de l'une ou de l'autre de ces deux origines.
En admettant que cette tête soit due au ciseau de notre Ligier, on serait porté à la regarder comme une étude, qu'il aurait faite lui-même, à son retour de Rome."
Charles Souhaut, Les Richier et leurs œuvres, Bar-le-Duc, 1883, p. 138-139.

"Cette œuvre dont on ne connaît pas la provenance n'est sans doute pas comme le pensait Paul Denis un élément de tombeau. En effet, il n'existe aucune trace de fixation et la qualité et la précision de la sculpture bien supérieure à celle du squelette de Bar-le-Duc et aux autres réalisations contemporaines comme la tête ailée qui provient du tombeau des Guise de Joinville, font penser qu'il s'agit là d'un modèle anatomique : la cavité céphalique a été creusée au trépan. L'attribution à Ligier Richier ne repose que sur l'identité de thème avec le monument de René de Chalon ; de même la référence à Michel-Ange fait peut-être écho aux légendes relatives soit au passage de l'artiste en Lorraine soit au séjour à Rome de Richier."
Notice de Louis-Michel Gohel dans Ligier Richier et la sculpture en Lorraine au XVIe siècle, Bar-le-Duc, Édition du Musée de Bar-le-Duc, 1985, p. 70, n° 61.  

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