Marco d'Oggiono, La Cène d'après Léonard de Vinci
Judas tenant sa bourse dans la main gauche
1506-1509 - huile sur toile - 260 x 549 cm
Paris, Musée du Louvre
-
- Serge Bramly, Léonard de Vinci, Paris, Jean-Claude Lattès, 1988, p. 306-307 et 322-323 : "L'instant du Dernier Repas qu'il choisit de représenter n'est pas celui où Jésus institue l'Eucharistie (quoique le pain et le vin figurent devant lui), mais celui où il annonce à ses disciples que l'un d'eux le trahira. On lit ainsi dans l'œuvre la surprise, l'incrédulité, l'effroi, la colère, la dénégation, la suspicion : lequel des disciples a trahi ?... On ne se rend pas bien compte aujourd'hui, tant la peinture de la Cène s'est détériorée, de l'extraordinaire jeu de physionomies du Christ et des apôtres : il faut regarder les dessins préparatoires des visages, à la sanguine pour la plupart, si l'on veut s'en faire une idée. On est toujours emporté par le rythme de la composition, stupéfié par l'ingénieuse perspective, l'expressivité des gestes, mais les figures de ce tableau que Prud'hon, dans une lettre aux Goncourt, juge « le plus beau tableau du monde et le chef-d'œuvre de toute la peinture » ont perdu leurs contours, elles sont tout écaillées, moisies, érodées, comme noyées dans la mur - « l'ombre d'une ombre », dit Henry James (Italian Hours, 1870)... Si elle n'est plus aujourd'hui qu'un « malade illustre » (Henry James), les innombrables copies qu'on en a faites au XVIe siècle, certaines par des disciples directs du Vinci (Boltraffio, Marco d'Oggiono, Cesare Magni), permettant de deviner plus ou moins ce qu'elle était à l'origine (notamment pour ce qui est des détails, des couleurs) et, en même temps, d'apprécier son incroyable rayonnement : l'art de la peinture prend un nouveau cour - les artistes ne s'y trompent pas - avec cette œuvre de Léonard."
- Vincent Delieuvin, Louis Frank (sous la direction), Léonard de Vinci, Paris, Louvre éditions et Hazan, 2019, p. 221.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire