Qui se souvient, parmi mes contemporains qui ont suivi des cours d'allemand au lycée Henri-Poincaré de Nancy, du village de Sowirog, du seigneur von Balk, de Jons Ehrenreich, de Gina, de M. Stilling, du berger Piontek ? En classe nous avons lu et traduit plusieurs passages du célèbre et vaste roman d'Ernst Wiechert : Die Jeromin-Kinder.
"Aucune chronique ne nous a encore rapporté l'histoire du village de Sowirog : la chronique ne parle pas des villages perdus. Ils s'étendent au bord des lacs et des marais de cette lointaine contrée de l'Est, avec leurs toits gris et leurs fenêtres voilées, avec d'antiques puits à potence et quelques poiriers sauvages aux talus pierreux des champs. La grande forêt les enserre et un ciel élevé où pendent de lors nuages forme une voûte au-dessus d'eux. Une route sablonneuse les traverse, entre des jardins aux clôtures délabrées. Elle sort de vastes forêts et s'y perd ensuite de nouveau. Le facteur y chemine, et plus souvent encore le gendarme. Et parfois on voit passer par ses ornières profondes un cortège de noces, avec ses couleurs vives et son tapage.
Mais le plus souvent la route est plongée dans le silence et les jeunes bouleaux projettent leurs ombres ténues sur les fossés encombrés de joncs. Elle n'a rien conservé de tout ce qui passa sur elle autrefois, allant vers la vie ou vers la mort. Elle n'a ni croix ni pierres du souvenir. C'est une route anonyme."
Mais le plus souvent la route est plongée dans le silence et les jeunes bouleaux projettent leurs ombres ténues sur les fossés encombrés de joncs. Elle n'a rien conservé de tout ce qui passa sur elle autrefois, allant vers la vie ou vers la mort. Elle n'a ni croix ni pierres du souvenir. C'est une route anonyme."
Ernst Wiechert, Les Enfants Jéromine, Le Livre de Poche Biblio, p. 51-52.
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