jeudi 27 mai 2021

la pierre de dédicace de Jean de Heu du Musée de Thionville



 En l'an du Seigneur 1555, Jean de Heu, seigneur de Blettange, 
ordonnés pour l'Empereur des Romains au gouvernement de Thionville
et capitaine de deux cents hommes à cheval,
pour le service de sa Majesté a fait faire cette voussure.
Musée de la Tour aux Puces - Thionville
-
Pierre découverte en 1899 et récupérée lors de la démolition des remparts de la ville en 1902-1903. Elle se trouvait sur une colonne d'une casemate voûtée des fortifications, près de la porte de Metz. 
Ordonnés = établis (pluriel car dans deux fonctions ?). Dans l'inscription, chevalx = chevaux.
-
Sur Jean de Heu, seigneur de Blettange et Montigny, gouverneur de Thionville, voir : 
- Ch. Rahlenbeck, Metz et Thionville sous Charles Quint, Bruxelles, 1880, p. 324 :
"Jean de Heu, resta seul candidat pour le gouvernement de Thionville. Il fut agréé et rentra en fonction à la fin de mai 1554. Il fut, jusqu'à sa mort, en 1556, le plus constant et le plus sérieux adversaire du maréchal de Vieilleville. Il n'eut ni les moyens ni les loisirs d'améliorer l'état des choses à Thionville. Sa correspondance avec la reine de Hongrie est suffisamment éloquente à cet égard. Il a des canons, mais il manque d'artilleurs et de boulets. Il a des moulins à faire de la poudre, il a du salpêtre, mais il manque de soufre. Il a engagé des terrassiers pour établir des plates-formes [bastions] aux endroits les plus faibles, mais tantôt c'est l'argent qui lui fait défaut, tantôt c'est la peste qui décime ses ouvriers et les pousse à abandonner leurs travaux. Et ce ne sont pas là les seules misères qu'il éprouve. L'épidémie l'atteint, l'abat, et il ne traîne plus qu'une misérable vie. Il donne sa démission quatre ou cinq fois de suite avant qu'elle soit acceptée. C'est à son successeur qu'est réservé le périlleux honneur d'avoir à défendre Thionville contre toute une armée."
- Pierre-Marie Mercier. Les Heu, une famille patricienne de Metz au Moyen Âge (XIVe-XVIe siècle). Histoire. Université Paul Verlaine - Metz, 2011, p. 150-152 :
"Jean de Heu est né le 23 juin 1503. Il était le fils de Nicolas III de Heu et de Marguerite de Brandenbourg. À la mort de son père, il devient seigneur de Montigny, puis d'Ay-Trémery et de Blettange. Il ne semble pas avoir occupé de fonctions administratives à Metz. Nous savons qu'il a pour femme Marguerite Roucel et qu'il lui constitue un douaire. En 1542, Gaspard de Heu, son frère, alors  maître-échevin de Metz, conduit Guillaume Farel [le réformateur] à la maison forte de Jean de Heu à Montigny. Par la suite, Jean est fait prisonnier le 24 juin 1552, à Ivoix, par les Français. Nous n'avons pas de renseignement concernant le prix de sa rançon. Cependant, nous retrouvons Jean de Heu au service de Philippe II d'Espagne. Ce dernier, par lettres patentes du 1er juillet 1556, le nomme surintendant de la ville de Thionville. Jean de Heu fait son testament le 27 août 1556. Il nomme comme exécuteurs testamentaires sa mère, Marguerite de Brandenbourg, Catherine de Heu, sa sœur, et Martin de Heu, son frère. Jean de Heu meurt vers 1560."

Dans la liste des constructions et des inscriptions de la famille de Heu, pages 666-680, Pierre-Marie Mercier ne fait pas mention de la pierre de dédicace de Jean de Heu du musée de Thionville.