samedi 13 mars 2021

les couleurs dans les Études de la nature de Bernardin de Saint-Pierre

"On peut se procurer toutes les nuances pures et imaginables du jaune, du rouge et du bleu, d'après les fleurs des jonquilles, des safrans, des bassinets des prés, des roses, des coquelicots, des bluets des blés, des pieds d'alouette, etc. On peut trouver également parmi nos fleurs toutes nuances composées, telles que celles des violettes et des digitales pourprées, qui sont formées des différentes harmonies du rouge et du bleu. La seule couleur composée du bleu et du jaune, qui forme le vert des herbes, est si varié dans nos campagnes, que chaque plante en a, pour ainsi dire, sa nuance particulière. Je ne doute pas que la nature n'ai étalé avec autant de diversité les autres couleurs de sa palette dans le sein des fleurs ou sur la peau des fruits. Elle y emploie quelquefois des teintes fort différentes sans les confondre ; mais elle les pose les unes sur les autres, en sorte qu'elle font la gorge de pigeon ; tels sont les beaux pluchés qui garnissent la corolle de l'anémone : ailleurs elle en glace la superficie, comme certaines mousses à fond vert qui sont glacées de pourpre ; elle en veloute d'autres, comme les pensées ; elle saupoudre des fruits de fleur de farine, comme la prune pourprée de monsieur ; ou elle les revêt d'un duvet léger pour adoucir leur vermillon, comme la pêche ; ou elle lisse leur peau, et donne à leurs couleurs l'éclat le plus vif, comme au rouge de la pomme de calville."
Bernardin de Saint-Pierre, Études de la nature, Étude XI, Paris, Firmin Didot Frères, 1853, p. 216-217.

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