dimanche 6 août 2017

la tour romane de l'église de Lignéville, Vosges





La tour romane de l'église Saint-Basle de Lignéville, Vosges
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A l'époque romane, l'église de Lignéville devait se composer, comme la plupart des petites églises de la région, d'une nef simple, probablement sans voûtes, d'une travée de chœur surmontée du clocher, et d'une abside. C'est maintenant un édifice irrégulier et fort bas, à une nef flanquée de bas-côtés, avec chœur à chevet plat, le tout voûté en pierres. Par suite d'agrandissements successifs exécutés durant les XIIIe, XIVe et XVe siècles, il ne subsiste plus de l'époque romane que le clocher et peut-être quelques parties du pignon formant la façade occidentale.
Le clocher s'élève aujourd'hui sur l'avant-dernière travée de la grande nef, en avant du chœur
Cette travée a été tellement remaniée, retaillée et mutilée intérieurement, surtout lors de la dernière restauration de l'église au XIXe siècle, que l'on n'y reconnaît à peu près plus rien de roman.
Il ne reste donc plus en fait de roman caractérisé que l'étage du beffroi, qui s'élève carrément au-dessus de la toiture de l'église, et encore a-t-il subi, au XIXe siècle, une notable restauration.
Au milieu de chacune de ses faces s'ouvre une belle ouïe en plein cintre. A chaque ouïe, le cintre, qui est à section rectangulaire, retombe sur deux colonnettes et encadre un tympan plein, formé de deux dalles juxtaposées, dont le joint suit la flèche du cintre. Chacun de ces tympans est divisé en deux arcs secondaires, tantôt en plein cintre, tantôt trilobés, découpés à cru, sans aucune mouluration, et retombant sur trois colonnettes, dont une médiane, semblables à celles qui portent l'archivolte principale, mais d'un plus faible diamètre. Les fûts de toutes ces colonnettes sont monolithes ; ceux des colonnettes médianes sont généralement octogonaux, mais ces dernières paraissent avoir été refaites. D'un très grande simplicité, les chapiteaux de ces colonnettes ont les uns la forme cubique, les autres ont un galbe évasé orné parfois de larges feuilles lancéolées, ou même d'embryons de crochets, le tout à peine indiqué. Ils n'ont pas de tailloirs. Les bases, assez surélevées, se composent pour la plupart de deux tores séparés par une gorge peu profonde ; d'autres ont des profils un peu différents. Des griffes fort simples remplissent les angles des dés sur lesquels ces bases reposent.
A la hauteur des retombées des cintres des ouïes, règne un cordon horizontal en talus, orné d'un rang de billettes, qui contourne l'extrados de chacune de celles-ci, en lui donnant à la fois du relief et de la richesse. 
Tout le haut du clocher, à savoir son toit en bâtière et les deux pignons en pierre sur lesquels il est appuyé ont été presque entièrement refaits lors de la dernière restauration de l'église.
Une corniche ornée d'un rang de billettes couronne la tour, en suivant les deux pignons, et chose fort rare et qui me laisse un peu perplexe, se continuant horizontalement à la base de chacun de ces pignons, formant ainsi deux espèces de frontons bien peu dans l'esprit de l'architecture romane. Au surplus, cette corniche paraît toute entière moderne.

Georges Durand, Églises romanes des Vosges, Paris, Champion, 1913, p. 236-238.

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