Aurélie Filippetti a été réélue (à la deuxième place
cependant sur la liste de Dominique Gros à Metz) mais, surtout, Aurélie
Filippetti est amie avec Manuel Valls (d’après Le Figaro). Voilà donc pourquoi,
faisant mentir la plupart des rumeurs qui circulaient depuis plusieurs mois, et
comme cela devenait probable depuis quelques jours, la ministre de la Culture
reste ministre de la Culture !
Que son bilan pour le patrimoine et les musées soient
désastreux, quelle importance franchement ? Ces sujets étant de toute façon
hors des centres d’intérêt de François Hollande, le président de la République
le plus inculte de la cinquième République (pas loin devant Nicolas Sarkozy il
est vrai), peu lui chaud d’avoir Aurélie Filippetti ou quelqu’un d’autre à un
ministère dont il se moque comme d’une guigne ? Dans le contexte actuel, il
aurait finalement été plus compliqué et plus risqué pour lui de changer aussi
de ministre de la Culture.
Très forte baisse du budget de la Culture dont elle a fait
supporter la plus grande part sur le patrimoine et les musées et incapacité
chronique à jouer son rôle de protection des monuments historiques (à la seule
exception de la rue des Carmes à Orléans), on ne compte plus les renoncements
et les silences de la ministre. On nous objectera son projet de loi-patrimoine
qu’elle espère encore faire voter par le parlement (on ne sait pas bien quand)
; mais malgré quelques bonnes intentions, celui-ci, comme nous l’avons déjà
dit, est une véritable bombe à retardement qui risque fort d’avoir l’effet
inverse de ce qui est annoncé.
Nous avons toujours donné leur chance – sans trop y croire –
aux nouveaux ministres nommés à ce poste. Aurélie Filippetti, si elle avait été
démise aujourd’hui, figurerait sans doute en très bonne place dans le
classement des ministres de la Culture les plus médiocres de ces dernières
années, juste devant Renaud Donnedieu de Vabres qui restera certainement
longtemps en tête, hors catégorie.
Elle a donc aujourd’hui une opportunité de faire oublier son
incapacité à agir. Saura-t-elle en profiter ? Il suffirait pour cela d’un peu
de courage, d’un minimum d’attention pour des sujets qui devraient être au cœur
de ses préoccupations. N’est-elle pas agrégée de lettres classiques et
normalienne ? Comment peut-elle faire subir au patrimoine toutes ces avanies ?
Au cas où il y aurait – enfin - un ministre de la Culture
digne de ce nom, voici quelques décisions à prendre d’urgence qui ne demandent
ni budget extravagant, ni même courage politique :
- poser une instance de classement sur la poste du Louvre et
demander à la Poste de revoir son projet pour conserver intacte l’architecture
de Jules Guadet ;
- redonner aux musées les budgets d’acquisition (pourtant
déjà trop faibles) qu’ils avaient en 2012,
- mettre un coup d’arrêt définitif aux projets d’urbanisme
de la Mairie de Paris qui violeraient toutes les protections monuments
historiques (avenue Foch, aménagements des places parisiennes…),
- tenir compte des objections réelles et fondées des
associations sur certains articles de la loi patrimoine (voire renoncer à cette
loi et se contenter d’amendements au code du patrimoine sur les points faisant
l’objet d’un consensus avec les associations),
- imposer une fois pour toute la conservation de l’escalier
de la Bibliothèque nationale de France dont on s’obstine à nous dire que la
conservation coûterait plus cher que la destruction sans évidemment jamais en
apporter la preuve,
Nous pourrions aussi imaginer d’autres décisions qui
exigeraient un véritable courage, comme poser son veto sur l’agrandissement de
Roland-Garros aux dépens des Serres d’Auteuil ou imposer d'office des travaux sur certaines églises parisiennes en état de péril imminent ; mais ne rêvons
pas…
Aurélie Filippetti dispose encore au minimum de quelques
mois pour ne pas tomber dans les oubliettes des ministres médiocres, voire pour
ne pas rester comme l’un de ceux ayant « légalisé le vandalisme de nos
monuments et bradé notre mémoire » comme l’écrivait récemment Paris-Historique
à propos de son refus de protéger la poste du Louvre. Ce n’est pas tous les
jours que l’on se voit offrir une seconde chance.
Didier Rykner, mercredi 2 avril 2014
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