Konstantin Kapıdağlı, Selim III en audience, 1803
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"Que le Tout-Puissant vienne en aide à votre empereur [Napoléon], mais j'ai vu de mes propres yeux ce qui est arrivé à mon maître, le sultan Selim. C'est un homme que le ciel a gratifié de toutes les qualités physiques et morales. Il s'est usé et consumé comme une bougie pour le bonheur et le progrès de l'Empire. Intelligent, bon, équitable, il ne pensait jamais au mal ni à la trahison, il ne pressentait pas quel abîme de perfidie, d'hypocrisie et de traîtrise se cachent dans les hommes ; c'est la raison pour laquelle il n'a pas pu se protéger et que personne n'a pu le sauver. Entièrement dévoué à ses devoirs de souverain et menant une vie de pureté comme on n'en a pas connu depuis les premiers califes, Selim n'avait rien prévu pour se défendre des attaques et de la trahison des gens malveillants. C'est pourquoi il a été possible qu'un détachement de jamaks [janissaires auxiliaires], la lie de la soldatesque, conduit par une brute en fureur, renverse un tel sultan et l'enferme dans le sérail, afin de compromettre définitivement tous ses plans salvateurs et visionnaires et de faire monter sur le trône un malheureux écervelé et lascif [son cousin Mustafa IV, le 29 mai 1807], entouré d'ivrognes, de rustres et de traîtres de métier."
Dire d'Ibrahim pacha, vizir de Travnik, dans Ivo Andrić, La Chronique de Travnik, traduction de Pascale Delpech, collection Motifs poche, éditions du Rocher, 2023, p. 296-297.
Sur la destitution de Selim III :
Stanford SHAW, Histoire de l'Empire ottoman et de la Turquie, Roanne, Éditions Horvath, 1983, p. 397-398.
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