jeudi 25 juillet 2019

l'église de Martinvelle, Vosges


Une minuscule fenêtre en plein cintre en forme de meurtrière est percée dans le mur oriental de chacun des bas-côtés (bas-côté sud sur la photo), lequel s'arrête sur le prolongement du mur occidental du clocher.








Église Saint-Pierre-aux-Liens de Martinvelle, Vosges
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Cette église qui, dans ses parties les plus anciennes, remonte à l'époque romane, comprenait originairement une nef flanquée de bas-côtés, une travée de chœur carrée, surmontée du clocher, et vraisemblablement une abside.
Vers la fin du XVe siècle ou le commencement du suivant, on a démoli les murs goutterots de la nef y compris les grandes arcades et les piliers qui les supportaient, pour couvrir le tout de voûtes sur croisées d'ogives formant trois nefs d'à peu près d'égale hauteur et retombant à pénétration sur deux rangées de piliers cylindriques. L'abside fut remplacée par une seconde travée de chœur, à chevet plat, également voûtée et accompagnée, au nord, d'une chapelle seigneuriale. Plus tard, probablement au XVIIIe siècle, la partie supérieure du clocher émergeant de la toiture fut elle-même reconstruite de la façon la plus banale. Vers la même époque, on refit, en les agrandissant, et d'une forme très vulgaire, les fenêtres des bas-côtés, pour suppléer au manque de clarté qui était résulté de la suppression des fenêtres hautes par suite de la quasi-égalité en hauteur des trois nefs actuelles.
En résumé, il subsiste de l'époque romane :
1° Les murs extérieurs de la nef, à l'exception toutefois de la partie supérieure du pignon occidental et de la partie haute du mur latéral sud, à partir de l'appui des fenêtres actuelles.
2° La travée de chœur sous clocher.
C'est un bel édifice de moyenne grandeur, bien construit en grès d'un grain assez grossier, allant du gris au rouge sombre.
Extérieurement, l'unique porte de l'église s'ouvre au milieu de la façade occidentale. Elle est en plein cintre, à deux ressauts, orné chacun d'un gros tore soutenu par des colonnettes aux chapiteaux cubiques et aux bases classiques posées sur des dés. Les tores qui garnissent les deux ressauts du cintre ont à leurs retombées des congés en forme de bases semblables à celles de colonnettes. Il n'y a pas de tympan.
La porte était originairement précédée d'un porche. Il a été détruit, et il n'en subsiste que les arrachements contre le mur de la façade. Ce sont deux gros piédroits rectangulaires à deux ressauts et à impostes moulurées, placés à droite et à gauche de la porte, sur le prolongement de la ligne des piliers de la nef, et qui devaient recevoir deux fortes arcades doubles, parallèles à l'axe de l'église. Une troisième arcade semblable, retombant sur deux piliers cruciformes, devait compléter le quadrilatère vers l'ouest. Le ressaut du piédroit vers l'extérieur est rectangulaire ; intérieurement, il est taillé en forme de colonnette d'angle chapiteau cubique, dont le tailloir est formé par le prolongement de l'imposte. Une rosace à sept rais et des frondaisons sont grossièrement tracées sur les lobes du chapiteau qui se trouve à gauche du spectateur. Ces deux colonnettes reçoivent les retombées d'un formeret en plein cintre à section rectangulaire, indiquant que ce porche  devait être couvert d'une voûte sur croisée d'ogives à qui les rangs de claveaux supérieurs des trois arcades latérales et occidentale devaient également faire fonction de formerets.
Tout le reste du mur de la façade est absolument nu, ne formant aujourd'hui qu'un seul pignon embrassant nef et bas-côtés, qui sont couverts par une seule toiture. Bien qu'on ne constate aucune reprise dans ce mur, du moins jusqu'au tiers du pignon, il est difficile d'admettre qu'il en ait été ainsi à l'origine. D'ailleurs au-dessus des deux gros dosserets et du formeret provenant du porche, on ne voit plus aucune trace de l'arrachement de celui-ci et l'appareil est aussi net que s'il avait été ainsi fait du premier coup. 
Seul un talus sans larmier coupant horizontalement le pignon à six assises de pierres au-dessus du formeret du porche, marque un rétrécissement dans l'épaisseur du mur. La petite fenêtre en plein cintre, sans ébrasement, qui se trouve dans la pointe du pignon, ne paraît pas ancienne.
La façade primitive devait très probablement marquer la division de l'église en trois nefs par un pignon central entre deux appentis placés plus bas.
Georges Durand, Églises romanes des Vosges, Paris, Libraire-Éditeur Édouard Champion, 1913, p. 239, 242-243.

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