"Mêlé par les désordres et les hasards de sa vie aux plus grands évènements et à l'existence des repris de justice, des ravisseurs et des aventuriers, Mirabeau, tribun de l'aristocratie, député de la démocratie, avait du Gracchus et du don Juan, du Catilina et du Guzman d'Alfarache, du cardinal de Richelieu et du cardinal de Retz, du roué de la Renaissance et du sauvage de la Révolution."
"Avant d'éclater [la catastrophe du retour de l'île d'Elbe de Napoléon], le terrible captif se contint pendant quelques semaines. Auprès de l'immense pharaon public qu'il tenait, son génie négociait une fortune ou un royaume. Les Fouché, les Guzman d'Alfarache, pullulaient. Le grand acteur avait établi depuis longtemps le mélodrame à sa police et s'était réservé la haute scène ; il s'amusait des victimes vulgaires qui disparaissaient dans les trappes de son théâtre."
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, tome I, Bibliothèque de la Pléiade, 1946, p. 175 et 911.
Guzman d'Alfarache est le picaro éponyme d'un roman de l'Espagnol Mateo Alemán, publié en 1599. C'est dans la traduction d'Alain-René Lesage, parue en 1732, purgée des moralités superflues, que Chateaubriand a lu ce roman. Un picaro, souvent sur les chemins, c'est un gueux, un coquin, un voleur, un escroc, un fraudeur, un vicieux, et cela tout à la fois, et à qui il arrive des aventures dans des milieux très différents. Il se met parfois au service de maîtres dont il en fait les dupes.
Ainsi se comprend ce que veut dire Chateaubriand dans les deux extraits des Mémoires d'Outre-Tombe cités ci-dessus.
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