Vierge à l'Enfant
pierre de Jaumont, hauteur 2,11 m - autour du milieu du XVe siècle
(provenance : Abbaye de Prémontrés de Salival)
Église Saint-Marien - Vic-sur-Seille
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Helga D. Hofmann, Die lothringische Skulptur der Spätgotik. Hauptströmungen und Werke (1390-1520), Saarbrücken, 1962, p. 152-157 et 325, fig. 123-127.
À Metz, vers le milieu du XVe siècle, il existait un atelier important : nous l'appelons "Atelier aux Madones". Le centre et le point de départ de ce groupe de madones est la Vierge en pierre, plus grande que nature, qui se trouve dans l'église de Vic-sur-Seille. Autour d'elle viennent se grouper la Vierge de l'église des Cordeliers à Metz (aujourd'hui au Musée municipal), celle de l'église de Rozérieulles, près de Metz, celle de l'église de Heisdorf au Luxembourg et vingt-neuf autres figures de taille variable. Nous avons pu retrouver les traces du travail de cet atelier sur une période qui s'étend environ entre 1440 et 1480. Il semble que ces œuvres révèlent un style spécifiquement lorrain et qui ne saurait être rapproché ni de la sculpture française ou néerlandaise, ni de celle du Rhin supérieur, moyen et inférieur. Dans ce groupe des Vierges messines nous trouvons, comme dans la région du Rhin supérieur à l'époque de Gerhaert, une tendance à un certain allègement et à une animation du drapé (un effet de contraste entre le corps et le vêtement).
La Vierge à l'Enfant de l'église de Heisdorf, Luxembourg
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Georges Schmitt, "La sculpture romane et la sculpture gothique", dans L'Art au Luxembourg, Premier volume : Des origines au début de la Renaissance, Luxembourg, Publications nationales du Ministère des Arts et des Sciences, 1966, p. 487-490 et pl. h.t. Résumé du chapitre sur l'Atelier aux Madones de Metz de Helga Hofmann :
"Helga D. Hofmann, dans sa dissertation doctorale de 1962 sur la sculpture lorraine du XVe siècle, énumère et analyse quatorze Vierges à l'Enfant (dont celle de Heisdorf) qui sont intimement apparentées entre elles et que, parce qu'elles sont en majeure partie localisée à Metz ou dans le Pays messin, et à la suite d'autres indices typiquement lorrains, elle attribue en majeure partie à un atelier messin, actif entre 1450 et 1480 : «le type physionomique qui s'observe ici ave sa manière caractéristique de rendre les cheveux et les oreilles, la massivité du corps à côté des membres plutôt chétifs, une raideur qui est compensée par l'ample structure, les vêtements, le matériau et la facture, ces caractéristique sont communes à toutes les Vierge de ce groupe.»
Quels sont les motifs-types de ces quatorze Vierges à l'Enfant attribuées au même atelier messin ou dépendant ? D'abord, en général, la Vierge est toujours représentée debout et couronnée ; le manteau est ou relevé en chute diagonale (9) ou ouvert (5, dont Heisdorf) et se rabat en col autour des épaules (5, dont Heisdorf) ; les cheveux ondulés, épais autour de la tête, et dépassant la couronne sur le front (5) ou en sortant latéralement (8, dont Heisdorf), tombent sur les épaules et se séparent en mèches longues et étroites qui retombent sur le buste, le long des des bras et dans le dos (12, dont Heisdorf) ou retombent dans le dos. Les cheveux sont couverts d'un voile (6) ou nus (8, dont Heisdorf). La Vierge porte l'Enfant, entièrement nu (12, dont Heisdorf) ou habillé d'une chemisette longue (2), assis dans le plat de sa main droite (7, dont Heisdorf) ou gauche (7). Et voici deux motifs-types plus significatifs : l'Enfant est assis, le buste droit ou à peine penché en avant ; les jambes sont plus ou moins croisées, la jambe intérieure étant repliée en arrière ou soulevée contre le corps, la jambe extérieure étant pliée en angle droit ou étendue en angle obtus, le genou, tourné vers l'extérieur ouvrant ainsi les jambes croisées (dont Heisdorf). Lorsque les jambes sont ramenées en arrière ou repliées en angle droit, la Mère tend une pomme à l'Enfant qui s'en saisit d'une ou de deux mains ; lorsque la jambe extérieure est étendue, la Vierge saisit le pied entre le pouce et l'index et l'Enfant tient la pomme (dont la fleur étoilée est tournée à l'extérieur) d'une ou généralement de deux mains et appuie l'avant-bras intérieur contre le buste ou sur l'épaule de la Mère. Sept Vierges messines, dont celle de Heisdorf, relèvent de ce dernier type."
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