Comment au XVIe siècle les Indiens Timucua de Floride tuaient les alligators
(Crocodilos conficiendo ratio)
(Crocodilos conficiendo ratio)
dessin de Jacques Le Moyne, gravure de Théodore de Bry
XVIe siècle
XVIe siècle
-
Les Indiens Timucua (nord-est de la Floride) faisaient une petite hutte avec des trous près d'une rivière et l'un d'eux s'y cachait pour voir et entendre de loin les alligators. Quand ces animaux sont affamés, ils sortent de l'eau et viennent sur les îles pour chasser, mais s'ils ne trouvent rien, ils font un bruit terrible qui peut être entendu à un demi mille. Alors le guetteur de la hutte appelait dix ou douze de ses congénères qui s'approchaient de l'épouvantable créature avec un long tronc d'arbre. Comme l'animal rampait vers eux avec ses mâchoires ouvertes, ils enfonçaient le bout pointu du tronc d'arbre dans sa gorge. L'écot ne pouvant être libéré, ils arrivaient à retourner l'animal, puis lui tirer des flèches dans son ventre mou, le frapper, le transpercer et finalement l'ouvrir et le découper.
-
Les alligators vus par Nicolas Le Challeux :
"Ce m'est assez de raconter ici ce que j'ai vu, et qui me semble digne de mémoire pour la postérité : et singulièrement des Crocodilles (sic) que l'on voit assez souvent sortir du sable pour aller à leur proie. nous en avons vu plusieurs, même un mort : et avons mangé de sa chair, qui nous sembla tendre et blanche comme celle d'un veau, et quasi de même goût. Il avait été tué d'un coup d'arquebusade, porté entre deux écailles : que s'il n'eût été là frappé, ses écailles autrement sont assez fortes pour le garantir de tous coups : il avait la gueule fort grande, et les mâchoires renversées d'une horrible façon, desquelles les dents s'entretenaient ainsi qu'un peigne : et pouvait ouvrir la gueule assez grande pour dévorer une génisse. Il était long de corps de douze à treize pieds : il avait les jambes fort courtes à la proportion du corps, ses ongles étranges et cruels, sa queue forte et longue, en quoi gît et consiste sa vie et sa principale défense. Aussi n'ai vu dans sa gueule aucune apparence de langue, si elle n'était cachée en son palais, car il avait (comme j'ai dit) la mâchoire de dessous dessus, chose monstrueuse, et qui seulement à regarder pouvait donner frayeur aux hommes."
Deuxième voyage du Dieppois Jean Ribaut à la Floride en 1565. Relation de Nicolas Le Challeux, précédée d'une notice historique et bibliographique par Gabriel Gravier, Rouen, 1872, p. 20-21.
Lemoyne
de Morgues, Jacques (15..-1588). Brevis narratio eorum quae in Florida Americae
provincia Gallis acciderunt, secunda in illam navigatione duce Renato de
Landonniere Classis praefecto anno M. D. LXIIII . Quae est secunda pars
Americae... Auctore Jacobo Le Moyne cui cognomen de Morgues,... Nunc primum
gallico sermone a Theodoro de Br. 1591. Pl. XXVI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire