mercredi 9 août 2023

le monument des Trois Sièges de Phalsbourg





Le Monument aux morts ou Monument des Trois Sièges
1814, 1815, 1870
inauguré le 12 octobre 1919 - Charles Perron (1862-1934), sculpteur, 1919
Phalsbourg


François Roth, "1870 : le dernier siège de Phalsbourg",  dans Les Cahiers Lorrains, 1986, p. 93-105. Plan ci-dessus.
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"Nous apprîmes aussi la capitulation de Thionville, après un bombardement horrible, où les Prussiens avaient refusé de laisser sortir les femmes et les enfants ;  ─ les premières rencontres de Faidherbe dans le Nord avec Manteuffel, et les batailles de Chanzy contre Frédéric-Charles, près d'Orléans. 
Malgré l'infériorité du nombre et l'inexpérience des troupes, nous avions souvent le dessus.
Ces nouvelles nous avaient rendu l'espérance. Malheureusement, le coup terrible pour nous était venu : Phalsbourg, réduit par la famine, allait se rendre après quatre mois de résistance.
Phalsbourg, avec ses quinze cents mobiles et ses soixante artilleurs, ne capitulait pas ; il ne livrait pas ses fusils, ses canons, ses munitions et jusqu'à ses aigles, comme Bazaine à Metz !... Le commandant Taillant n'avait pas dit à ses hommes : « Évitons surtout, pour la réputation de cette armée, les actes d'indiscipline comme la destruction d'armes et de matériel, puisque, d'après les usages militaires, places et armements doivent faire retour à la France, lorsque la paix est signée. » Non ! il avait au contraire ordonné de détruire tout ce qui pouvait servir à l'ennemi : de noyer les poudres, de briser les fusils, d'enclouer les canons, de brûler la literie des casernes ; et toutes ces choses faites, il avait envoyé dire au général allemand :
─ Je n'ai plus rien à manger !... Demain j'ouvrirai les portes !... Faites de moi ce qu'il vous plaira."
Erckmann-Chatrian, Histoire du plébiscite, Contes et romans nationaux et populaires, tome 11, Paris, Jean-Jacques Pauvert éditeur, 1963, p. 218-220.

"Nous étions alors en décembre [1870]. Depuis quelque temps le canon de Phalsbourg se taisait ; le bruit courait qu'on voyait des flammes s'élever brusquement la nuit des remparts ; on se demandait ce que cela pouvait être. Nous avons appris depuis qu'on brûlait alors les poudres de la place, qu'on brisait le matériel d'artillerie, et qu'on enclouait les pièces, parce que les vivres touchaient à leur fin et qu'on allait être forcé d'ouvrir les portes.
Ce malheur arriva le 13 décembre, après six bombardements et 120 jours de siège. La moitié de la ville était en décombres ; au seul bombardement du 14 août, huit mille cinq cents obus avaient abîmé des rues entières. Les pauvres garçons ramassés à la hâte aux environs et réunis dans la place au temps des grandes chaleurs, n'ayant que leur blouse sur le dos et leurs souliers aux pieds, après avoir passé ce rude hiver sur les remparts, furent encore emmenés comme prisonniers de guerre, les uns à Rastadt, les autres en Prusse, au milieu des neiges."
Erckmann-Chatrian, Le brigadier Frédéric, Contes et romans nationaux et populaires, tome 12, Paris, Pauvert-Ramsay-Tallandier, 1990, p. 226-227. 
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Le 12 décembre 1870, à midi, le commandant Taillant fait parvenir au major prussien de Giese la lettre suivante :
Monsieur le Major,
Le trop grand éloignement de l'armée française et la famine qui torture les habitants, les blessés, les prisonniers de guerre, mais qui ne sauraient nous dompter si nous étions seuls ici, ne nous permettent pas de continuer la lutte, parce que qu'il est de notre devoir d'être humains avant tout. C'est aussi pour obéir aux lois de l'humanité que j'ai dû ne pas céder aux vœux de mes compagnons d'armes, qui ont demandé à s'ensevelir, avec leur chef, sous les ruines de la forteresse qu'ils défendent depuis quatre mois.
Les portes de Phalsbourg sont ouvertes ; vous nous trouverez désarmés, mais non vaincus.
Recevez, Monsieur le Major, mes sentiments d'estime et de haute considération.
TAILLANT
Lieutenant-colonel Alfred Hollender, Le Siège de Phalsbourg en 1870, Paris, Lavauzelle, 1899, p. 79. Plan de la place forte p. 16.

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