dimanche 24 février 2019

pensées de Marcel Proust dans "À l'ombre des jeunes filles en fleurs"

"Sans doute peu de personnes comprennent le caractère purement subjectif du phénomène qu'est l'amour, et la sorte de création  que c'est d'une personne supplémentaire, distincte de celle qui porte le même nom dans le monde, et dont la plupart des éléments sont tirés de nous-mêmes."
Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Le Livre de Poche classique, 1992, p. 80.

"Théoriquement on sait que la terre tourne, mais en fait on ne s'en aperçoit pas, le sol sur lequel on marche semble ne pas bouger et on vit tranquille. Il en est ainsi du Temps dans la vie."
JFF, p. 95.

"Nos désirs vont s'interférant, et dans la confusion de l'existence, il est rare qu'un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l'avait réclamé."
JFF, p. 102.

"Il n'y a que les gens incapables de décomposer, dans leur perception, ce qui au premier abord  paraît indivisible, qui croient que la situation fait corps avec la personne."
JFF, p. 130.

"L'homme de génie pour s'épargner les méconnaissances de la foule se dit peut-être que, les contemporains manquant du recul nécessaire, les œuvres écrites pour la postérité ne devraient être lues que par elle, comme certaines peintures qu' on juge mal de trop près."
JFF, p. 147.

"Toute nouveauté ayant pour condition l'élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui nous semblait la réalité même, toute conversation neuve, aussi bien que toute peinture, toute musique originales, paraîtra toujours alambiquée et fatigante."
JFF, p. 169.

"Le génie, même le grand talent, vient moins d'éléments intellectuels et d'affinement social supérieurs à ceux d'autrui, que de la faculté de les transformer, de les transposer."
JFF, p. 172.

"Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent, et l'habitude le remplit."
JFF, p. 233.

"On devient moral dès qu'on est malheureux."
JFF, p. 252.

"Au grand jour de la mémoire habituelle, les images du passé pâlissent peu à peu, s'effacent, il ne reste plus rien d'elles, nous ne le retrouverons plus."
JFF, p. 266.

"Bien qu'on dise avec raison qu'il n'y pas de progrès, pas de découvertes en art, mais seulement dans les sciences, et que chaque artiste recommençant pour son compte un effort individuel ne peut y être aidé ni entravé par les efforts de tout autre, il, faut pourtant reconnaître que dans la mesure où l'art met en lumière certaines lois, ,une fois qu'une industrie les a vulgarisées, l'art antérieur perd rétrospectivement un peu de son originalité."
JFF, p. 472-473.

"L'existence n'a guère d'intérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique, où quelque vulgaire incident devient un ressort romanesque."
JFF, p. 502.

"Il en est des plaisirs comme des photographies. Ce qu'on prend en présence de l'être aimé, n'est qu'un cliché négatif, on le développe plus tard, une fois chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l'entrée est condamnée tant qu'on voit du monde."
JFF, p. 509.

"Même mentalement, nous dépendons des lois naturelles beaucoup plus que nous ne croyons et notre esprit possède d'avance comme certain cryptogame, comme telle graminée les particularités que nous croyons choisir."
JFF, p. 529.

"Le visage humain est vraiment comme celui du Dieu d'une théogonie orientale,, toute une grappe de visages juxtaposés dans des plans différents et qu'on ne voit pas à la fois."
JFF, p. 555.

"Chaque être est détruit quand nous cessons de le voir ; puis son apparition suivante est une création nouvelle, différente de celle qui l'a immédiatement précédée, sinon de toutes."
JFF, p. 556.

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