vendredi 26 avril 2024

le zodiaque de Dendera


Le Zodiaque de Dendera 
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Sylvie Cauville, Le Zodiaque d'Osiris, Leuven, Peeters, 1997, p. 12 : D'après l'astrophysicien Éric Aubourg, la conception du zodiaque aurait été imaginée entre juin et août 50 av. J.-C. 

"Mon frère, Pacheribastet, est versé dans les paroles divines, moi je connais l'heure de la montée et de la descente du disque solaire, je sais la marche des étoiles et la date où Sothis apparaît. Un ciel nocturne à la gloire d'Osiris-Lune sera mis en place, comme il convient, avant même que les parois soient gravées. J'ai conçu un ciel comme je le vois de la terre, rond comme un cercle, fermé comme la boucle d'un cartouche. J'ai respecté la vénérable tradition des quatre piliers célestes, j'ai représenté les déesses des quatre points cardinaux supportant l'orbe du ciel sur leurs bras levés.
Les astres en mouvement s'immobilisent à période régulière dans le ciel, mais non tous au même moment, ni au même endroit. Il est donc impossible - sauf à Thot - de dessiner le ciel conformément à la réalité pour un instant précis. Je fixai les astres en mouvement au moment où ils reposent presque simultanément. C'est ce qui s'est produit au mois d'epiphi de la deuxième année du règne de l'auguste Cléopâtre [en juillet 50 av.J.-C.].
La voûte céleste que j'ai dessinée est conforme à ce que nous savons : le Nord est placé là où il convient, à peu près au centre, avec le chacal, la patte antérieure de Seth et Thouéris [la Petite Ourse, la Grande Ourse et le Dragon]. Seth est malfaisant sur terre et dans le ciel, Isis-Thouéris, l'hippopotame femelle, enchaîne la patte de Seth dans le ciel du Nord pour l'empêcher de descendre dans le ciel du Sud et de nuire à Osiris-Orion.
Tout autour, j'ai placé les autres constellations, ainsi celle à face humaine qui est la Dame [la Vierge]; certaines nous étaient inconnues jusqu'il y a peu, et j'ai puisé dans les écrits des bibliothèques du palais royal pour représenter Celui qui tire une flèche [le Sagittaire] ou Face de chèvre [le Capricorne]. Parmi ces constellations, astres en mouvement, se reposent l'Inerte, le Dieu du matin, Horus le Rouge, Horus qui dévoile le mystère et Horus le taureau [soit Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne].
Sur le cercle extérieur, j'ai placé les trente-six groupes des étoiles qui fixent les heures de la nuit.
Ce ciel nocturne qui n'a son semblable dans aucun sanctuaire, je l'ai créé pour commémorer la mort du vénérable Ptolémée. 
Le quatre phaménoth de l'an 30 de l'héritier du dieu sauveur Ptolémée [le 7 mars51 av. J.-C. à 11 h 10 du matin], le ciel a avalé le Soleil. Dans le même moment , l'auguste Ptolémée quittait le monde des vivants. À la Résidence, près des rivages de la mer, Rê et son héritier sur terre ont disparu. À Dendara, seul un petit morceau du Soleil fut encore visible ; je le constatai de mes yeux et je compris, sans encore savoir, que c'était un mauvais présage. Je décidai donc de représenter ce signe envoyé par les dieux. Le Soleil s'est évanoui quand il était entre le dieu-Nil qui verse l'eau et les Poissons, l'emplacement du prodige était donc aisément fixable, comment en revanche représenter le prodige lui-même ? La Lune empêche le Soleil de briller, les deux astres sont des cercles ; j'ai donc dessiné un rond. Il faut respecter les desseins des dieux, mais ils n'ont pas voulu que le Soleil disparût longtemps - le Pays bien-aimé mourrait. Alors la déesse du ciel retient par la queue le babouin qui est l'image de Thot, dieu Lune, pour l'empêcher d'avaler durablement le Soleil. J'ai gravé pour l'éternité la volonté des dieux, la disparition simultanée et provisoire de Rê et de Pharaon ; je n'ai pas non plus figuré le Soleil dans un ciel nocturne.
Pour équilibrer les puissances du Soleil et de la Lune, j'ai représenté également la disparition momentanée de la Lune, qui eut lieu six mois auparavant [éclipse de Lune du 25 septembre 52 av. J.-C.]. L'astre d'argent s'est caché entre les Poissons et le Bélier. La Lune ne peut disparaître que lorsqu'elle est pleine, au quinzième jour ; que de fois les prêtres astronomes de la maison de vie me l'ont-ils expliqué avant que j'arrivasse à comprendre ! Alors, j'ai dessiné l'astre nocturne tel qu'il était au moment de sa faiblesse, un  œil sacré dans le cercle de la Lune."
Syvie Cauville, L'Œil de Rê. Histoire de la construction de Dendara, Paris, Pygmalion / Gérard Watelet, 1999, p. 83-88.   

Le calendrier égyptien était basé sur les observations de la lune et le cycle annuel de l'inondation du Nil. Malgré l'addition des cinq jours épagomènes aux 360 jours, il y avait une différence entre l'année lunaire et l'année solaire. 
Les mois du calendrier égyptien :
Saison de l'inondation : mois de Thot, mois de Phaophi, mois d'Athyr, mois de Khoïak.
Saison d'hiver : mois de Tybi, mois de Méchir, mois de Phaménôth, mois de Pharmouti.
Saison d'été : mois de Pakhons, mois de Payni, mois d'Epiphi, mois de Mésorê.
À ces douze mois de trente jours, il faut ajouter les cinq jours épagomènes.

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