mercredi 6 mars 2024

Chateaubriand et les peintres nazaréens


Johann Friedrich Overbeck (Lübeck, 1789 - Rome, 1869)
La Vierge Marie, Élisabeth, Jésus et saint Jean-Baptiste enfants
1825 - © Munich, Neue Pinakothek

Pendant son temps d'ambassadeur à Rome en 1828-1829, Chateaubriand s'intéressa aux œuvres  de certains artistes présents dans la Ville éternelle : les Nazaréens, Jean-Victor Schnetz, Léopold Robert, Pierre Guérin, Horace Vernet, Berthel Thorwaldsen, etc.
"Une association [Lukasbund] de peintres allemands [Overbeck, Carolsfeld, Cornelius, Pforr, etc.] a entrepris de faire remonter la peinture au Pérugin, pour lui rendre son inspiration chrétienne. Ces jeunes néophytes de saint Luc prétendent que Raphaël, dans sa seconde manière, est devenu païen, et que son talent a dégénéré. Soit ; soyons païens comme les vierges raphaéliques ; que notre talent dégénère et s'affaiblisse comme dans le tableau de la Transfiguration [inachevé de sa main]. Cette erreur honorable de la nouvelle école sacrée n'en est pas moins une erreur ; il s'ensuivrait que la roideur et le mal dessiné des formes seraient la preuve de la vision intuitive, tandis que cette expression de foi, remarquable dans les ouvrages des peintres qui précèdent la Renaissance, ne vient point de ce que les personnages  sont posés carrément et immobiles comme des sphinx, mais de ce que le peintre croyait comme son siècle. C'est sa pensée, non sa peinture, qui est religieuse ; chose si vraie, que l'école espagnole est éminemment pieuse dans ses expressions, bien qu'elle ait les grâces et les mouvements de la peinture depuis la Renaissance. D'où vient cela ? de ce que les Espagnols sont chrétiens."
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, tome II, Bibliothèque de la Pléiade, 1948, p. 240-241.

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