Suzanne Valadon (1867 - 1938), Adam et Ève
huile sur toile - 1909
Exposition Suzanne Valadon - Un monde à soi
Centre Pompidou-Metz
15.04.2023 - 11.09.2023
Marie-Clémentine, dite Suzanne Valadon, n'est pas seulement la personnalité féminine la plus forte de la peinture contemporaine, c'est aussi une artiste essentiellement indépendante. Remarquée à ses débuts par Toulouse-Lautrec, encouragée fortement par Degas, admiratrice de l'art de Gauguin et de celui de Cézanne, elle a fondu ce qu'elle a reçu de ces exemples dans le creuset d'un tempérament puissant qui a marqué ces emprunts de son sceau propre. Aussi peut-on voir en elle, non sans légitimité, un de ces représentants de cette première poussée d'Expressionnisme qui se produisit à Paris, parallèlement au Fauvisme, de 1900 à 1910 environ, dans le même temps qu'elle se déchaînait en Allemagne.
De Degas, vient ici le graphisme robuste des figures, de Lautrec, le don de caractériser visages et corps par des traits choisis, concis et incisifs, de Cézanne, le modelé obtenu par la couleur, de Gauguin, le chromatisme somptueux et étouffé, la matière émaillée, la recherche décorative. Mais l'originalité de Suzanne Valadon n'en demeure pas moins entière dans ces deux nus qui sont, en fait, son portrait et celui de son jeune mari (il était né en 1886) André Utter, qu'elle venait précisément d'épouser en 1909.
Bernard Dorival, L'École de Paris au Musée national d'Art moderne, Paris, Éditions Aimery Somogy, 1961, p. 110.
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