jeudi 16 décembre 2021

le tympan du portail de l'église de Lemoncourt, Moselle


 Couronnement de la Vierge par le Christ-Roi
à gauche, sainte Glossinde, à droite, saint Vincent
vers 1240
Tympan du portail de l'église de Lemoncourt, Moselle
(photo JLJ c. 1977)
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- Willibald Sauerländer, La sculpture gothique en France, 1140-1270, Paris, Flammarion, 1972, p. 128 :
Le tympan de Lemoncourt est probablement l'œuvre de sculpture gothique la plus ancienne qui nous soit parvenue de l'archidiocèse de Trèves. Il est antérieur aux sculptures de la Liebfrauenkirche de Trèves et au portail de la Vierge de la cathédrale de Metz. Le style est caractérisé par le tracé parallèle des plis secs. Visages et mains sont à peine modelés. Cette œuvre modeste a été mise à tort en relation avec les sculptures du transept de la cathédrale de Strasbourg. Elle semble plutôt comparable à des œuvres de l'orfèvrerie lorraine du XIIIe siècle telles que les reliquaires de la Croix, de Mettlach, et de Saint-Matthieu, de Trèves [erreur du traducteur, c'est Saint-Matthias], ou aux travaux d'Hugo d'Oignies. Vers 1230. Photo 141 en haut.
- Walter Hotz, Handbuch der Kunstdenkmäler im Elsass und in Lothringen, München, 1976, p. 114 : Das Portal steht dem Nord-Portal der Abteikirche zu Neuweiler [Neuwiller-lès-Saverne] nahe, der Gewandstil der (restaurierten) Tympanonfiguren erscheint burgundisch geprägt. [!!!]
- Marie-Antoinette Kühn-Mutter, "La sculpture de l'église paroissiale de Lemoncourt (Moselle). Étude iconographique", dans Les Cahiers Lorrains, 1983, p. 239-242. Le personnage de droite est identifié à saint Vincent qui tient la palme du martyre. Le personnage de gauche est sainte Glossinde, fille du duc Vintron. "Celle-ci, afin d'échapper à un mariage imposé par son père, se réfugie à la cathédrale de Metz, où deux anges viennent lui remettre le voile de moniale. C'est bien cette partie de la vie de l'abbesse messine qui est relatée ici. Fille de duc, elle porte la coiffe des dames nobles du XIIIe siècle ainsi que la couronne ducale, mais moniale, elle est vêtue de la même tunique que le diacre Vincent et s'apprête à recevoir le voile."


Sur le Couronnement de la Vierge au XIIIe siècle :
"La scène du Couronnement de la Vierge se présente, au cours du XIIIe siècle, sous trois aspects différents. Le bas-relief de Senlis nous donne la plus ancienne formule. La Vierge est assise à la droite de son Fils, et des anges l'encensent ou portent des flambeaux. Mais ce qu'il y a de remarquable ici, c'est que la Vierge a déjà la couronne sur la tête et que son Fils se contente de lever la main pour la bénir. Le couronnement vient donc d'avoir lieu, et la Vierge a pris possession du trône pour l'éternité. [Tels sont les Couronnements de la Vierge de Laon et de Chartres].
À Notre-Dame de Paris, le Couronnement de la Vierge revêt un aspect nouveau. Cette fois c'est bien un  couronnement que nous avons sous les yeux ; mais ce n'est pas le Christ qui couronne sa Mère, c'est un ange qui sort du ciel pour lui placer la couronne sur la tête. La Vierge, assise aux côté de son Fils, tourne la tête vers lui son pur visage et le contemple en joignant les mains, tandis que l'ange place la couronne sur son front. Jésus, éclatant d'une beauté divine, la bénit et lui présente un sceptre qui s'épanouit en fleur : ce sceptre est le symbole de sa puissance, et il, veut que désormais sa mère le partage avec lui. Le tympan de Notre-Dame de Paris a été mis en place vers 1220. [Tels sont les Couronnements à la Porte rouge de Notre-Dame de Paris, et ceux de  Longpont et d' Amiens.]
À une date qu'il est difficile d'indiquer avec précision, mais qui doit être voisine de 1250, on voit apparaître une troisième formule du Couronnement de la Vierge. Cette fois ce ne sont plus les anges qui mettent la couronne sur la tête de la Vierge, c'est Jésus-Christ lui-même. Tels sont les Couronnements de Sens, d'Auxerre, de Reims.
Émile Mâle, L'Art religieux du XIIIe siècle en France, tome 2, Le Livre de Poche, série Art, 1969, p. 207-210.

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