vendredi 15 octobre 2021

Michel Bernard : Les éoliennes enlaidissent jusqu'au ciel

Les éoliennes enlaidissent jusqu'au ciel, indispensable à la respiration des hommes

"Je ne vais plus sur le plateau du Barrois, entre Bar-le-Duc et Verdun, copieusement hérissé de ces machines, sauf pour le traverser en voiture, vite et toujours blessé. Là est le champ de bataille de la Vaux-Marie, le début de Ceux de 14, où Maurice Genevoix et les survivants venaient se recueillir. Quant aux agriculteurs qui touchent tranquillement les dividendes de leurs terres accueillantes au béton et à l'acier, croyez-vous qu'ils soient de ceux qui pratiquent une agriculture, respectueuse du sol ?
Et dire que d'autres sont à venir... Dans quelle partie de notre ciel vont-elles être enfoncées ?
On nous dit que c'est une question d'habitude, d'éducation du regard, et, puisqu'on ne s'y fait décidément pas, on nous demande d'admirer la prouesse technologique. Dans l'air, je préfère les prouesses des oiseaux, le vol immobile de la buse, la montée en flèche de l'alouette, le fantastique vaisseau des grues en route vers le Sud. Je préfère la ligne sombre de la forêt d'Argonne en lisière du ciel, le clocher qui pointe à peine, délicat, dans un pli du relief, l'arbre solitaire en haut du champ, sur le bord du monde."
Michel Bernard, auteur de La Tranchée de Calonne, prix Erckmann-Chatrian 2007.
Le Figaro, jeudi 14 octobre 2021.

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