dimanche 8 décembre 2019

la Pietà, François Cheng et Jean Clair


(photo JLJ)
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François Cheng, dans ses Méditations sur la beauté, écrit que "probablement, dans l'art occidental, les tableaux représentant la Pietà, comptent parmi ses plus grands chefs-d'oeuvre". Pourquoi cette élection ? C'est que l'image de la pietà, née dans les cercles mystiques rhénans, et particulièrement dans les couvents de femmes, à la fin du XIVe siècle, le Christ une fois déposé de la croix et allongé, tétanisé par la mort, sur le giron de sa Mère, est l'une des plus troublantes et des plus bouleversantes que cet art de la visibilité que l'art d'Occident a été, ait produite. C'est, dans l'épaisseur du temps, l'image de l'enfant nouveau-né, que la mère tenait de la même façon, et qui voyait en lui le destin s'accomplir. Mélancolique ou douloureuse, elle triomphe de la douleur et de la mort. Mais c'est l'art qui la représente qui a ce pouvoir de consoler, l'art qui peut sauver le monde disait Dostoïevski. Dans la mesure où il peut rendre sensible ce sentiment de la pietà, qui veut dire à la fois pitié et piété, douleur partagée et compassion, respect de l'autre jusque dans la mort.
Jean Clair, Terre natale. Exercices de piété, Paris, Gallimard, 2019, p. 254-255.

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