" Il m'importe peu qu'on me voie aller à pied pourvu que j'y trouve mon plaisir et ma santé. Quand je vais à pied, comme ce mouvement est naturel, et que l'autre (à cheval) est contre l'intention de la nature qui nous a donné des pieds aussi bien qu'au reste des animaux afin de nous en servir sans incommoder personne, j'éprouve toutes les douceurs que l'exercice communique à ceux qui comme moi en connaissent le profit et l'utilité.
Quand je fais un voyage à pied, ce n'est pas pour épargner le louage d'un cheval. Au lieu d'avoir tout le jour les fers aux pieds et les entraves aux jambes, et les deux mains occupées, l'une à la bride et l'autre à enfoncer son chapeau, quel plaisir d'aller les bras pendants avec une bonne paire de souliers plats, et sans craindre de se rompre le col, ou de crever ses yeux à quelque branche d'arbre ; de se promener dans une campagne comme un philosophe qui fait un tour d'allée dans son jardin ; de marcher tantôt sur le velours vert d'un tapis herbu et tantôt, côtoyant un petit ruisseau, fouler aux pieds les mêmes traces que les fées dansant en rond ont laissées empreintes dans l'émail d'une prairie."
Charles Dassoucy (Charles Coypeau dit, Paris 1605 - 1677)
Quand je fais un voyage à pied, ce n'est pas pour épargner le louage d'un cheval. Au lieu d'avoir tout le jour les fers aux pieds et les entraves aux jambes, et les deux mains occupées, l'une à la bride et l'autre à enfoncer son chapeau, quel plaisir d'aller les bras pendants avec une bonne paire de souliers plats, et sans craindre de se rompre le col, ou de crever ses yeux à quelque branche d'arbre ; de se promener dans une campagne comme un philosophe qui fait un tour d'allée dans son jardin ; de marcher tantôt sur le velours vert d'un tapis herbu et tantôt, côtoyant un petit ruisseau, fouler aux pieds les mêmes traces que les fées dansant en rond ont laissées empreintes dans l'émail d'une prairie."
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