"La patrie, à proprement parler, pourrait se circonscrire entre la maison natale et le cimetière de la paroisse. On la mesurerai avec un lange suspendu à un suaire. C'est l'endroit où l'on s'est développé, où l'on a grandi sous les yeux de sa mère ; c'est l'endroit où l'on accompagné le cercueil des siens au trou qui les dévore. Avec une grande extension, c'est l'endroit où croissent des fleurs que j'ai cueillies, où se mouvent des quadrupèdes, où sifflent des oiseaux, où bourdonnent des insectes qui m'étaient familiers, où l'aspect des scènes naturelles est le même qui a égayé mes premiers regards. Quand j'arrive, moi, paysan alpin, à l'oranger en pleine terre ; quand j'entends la mer hurler contre ses falaises, quand je vois fumer le volcan, j'ai changé de patrie."
Charles Nodier, "Miscellanées", dans Rêveries, Paris, Éditions Plasma, 1979, p. 40-41.
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