"Le sous-lieutenant Trotta fit dix-sept heures de chemin de fer. À la dix-huitième surgit la gare la plus orientale de la monarchie. Il y descendit. Onufrij, son ordonnance, l'accompagnait. La caserne de chasseurs était au milieu de la petite ville. Avant de mettre le pied dans la cour, Onufrij se signa trois fois. C'était le matin. Le printemps, qui régnait depuis longtemps à l'intérieur de l'empire, ne s'était installé ici que depuis peu. Pourtant, déjà, le cytise flambait sur les talus de la voie ferrée. Déjà, les violettes fleurissaient dans les bois humides. Déjà, les grenouilles coassaient dans l'infini des marais. Déjà, les cigognes tournoyaient au-dessus des rustiques maisonnettes aux toits de chaume, à la recherche des vieilles roues, fondations de leur demeure estivale."
Joseph Roth, La Marche de Radetzky, Points Seuil, 2008, p. 158.
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