Jacques Onfray de Bréville, dit Job (Bar-le-Duc, 1858 - Neuilly-sur-Seine, 1931)
Napoléon, au soleil couchant, sur un rocher à Sainte-Hélène
Nicolas Sébastien Adam (Nancy, 1705 - Paris, 1778), Prométhée enchaîné
marbre, 1762 - Musée du Louvre
photo JLJ
C'est un parallèle saisissant qu'a fait Alexandre Dumas dans son roman Le Capitaine Richard :
"L'empereur gagna l'avant du vaisseau et chercha des yeux la terre. Une espèce de brouillard qui lui semblait flotter à l'horizon fut tout ce qu'il put apercevoir ; il fallait l'œil d'un marin pour affirmer que ce bouillard était un corps solide.
Le lendemain, dès le point du jour, tout le monde était réuni sur le pont. Quoique, une partie de la nuit, le bâtiment [le Northumberland] fût resté en panne, on avait cependant assez marché pour qu'à ce moment, et grâce à la limpidité de l'air matinal, l'île [Sainte-Hélène] fût devenue parfaitement visible. [...]
La vue de l'île n'était cependant point satisfaisante : on apercevait un village plus long que large, perdu au fond de gigantesques rochers, nus, secs, dévorés par le soleil. [...]
L'ancre jetée, l'amiral [Cockburn] était aussitôt descendu dans sa yole et avait ramé vers l'île. À six heures du soir, il revint, très fatigué ; il, avait parcouru l'île entière et pensait avoir trouvé un endroit convenable :malheureusement, il fallait des réparations, et ces réparations pouvaient exiger deux mois.
Or, l'ordre positif des ministres anglais était de ne point descendre Napoléon à terre que sa demeure ne fût prête à le recevoir.
Mais l'amiral se hâta de dire que le général Bonaparte devant être très fatigué et las de la mer, il prenait sur lui de le faire débarquer ; seulement, le débarquement n'était pas possible pour le soir. L'amiral annonça que, le lendemain, , on dînerait à une heure plus tôt que de coutume, afin que l'on pût s'embarquer après le dîner.
Le lendemain, en sortant de la salle à manger, l'empereur trouva tous les officiers réunis sur la dunette, et les trois quarts de l'équipage groupés sur les passavants. Un canot attendait : il y descendit avec l'amiral et le grand maréchal [Bertrand]. Un quart d'heure après, le lundi 16 octobre 1815, il touchait le sol de Sainte-Hélène.
Voir, pour le reste, le Prométhée [enchaîné] d'Eschyle."
Alexandre Dumas, Le Capitaine Richard, Paris, Dufour, Mulat et Boulanger, éditeurs, 1858, p. 116.
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