lundi 11 décembre 2017

les chiffonniers chez Blasco Ibañez


Si Victor Hugo a mentionné dans Les Châtiments et Les Misérables les chiffonniers avec leurs hottes et leurs crochets, l'auteur qui a fait des chiffonniers l'un des thèmes principaux de son roman La Horde (1905), c'est Vicente Blasco Ibañez (1867-1928).

"A mesure que Maltrana remontait vers les Cuatro Caminos, l'invasion des chiffonniers se faisait plus dense, et le jour croissant permettait de mieux distinguer les véhicules et ceux qui étaient censés les conduire. Les légères carrioles, en forme de caisses, étaient pour la plupart découvertes et peintes en bleu vif, avec un ovale rouge où était inscrit le nom du propriétaire...
Les chiffonniers trop pauvres pour avoir une carriole marchaient à côté d'un bourriquet dont les pattes étaient cachées par les grands couffins de paille destinés à recevoir les ordures. Quant aux matrones du crochet, elles passaient droites sur leurs baudets qu'elles excitaient avec un bâton, les épaules affublées d'un foulard rouge dont les pointes pendaient en arrière...
Les ânes, fidèles compagnons des chiffonniers, étaient des bêtes petites et mal tenues, d'une malice presque humaine. Rarement ils cherchaient leur nourriture à la campagne : ils préféraient se garnir la panse avec les garbanzos restant des pot-au-feu de Madrid, mâchaient dans leurs auges ce qui avait passé la veille dans les cuisines de la ville... 
Ainsi passaient, passaient les chiffonniers avec leurs carrioles et leurs bêtes, telle une horde préhistorique talonnée par la faim et poussée en avant par l'âpre désir de vivre."

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